quantité de coraux, sont restées blanches. Les
couches montent vers le centre de la chaîne, et
ont probablement subi de grandes altérations.
Du reste, je regarde ce calcaire noir comme le
pendant de celui que j ’ai observé près d’Ourda-
bad ; les jets de diorite et de serpentine se sont
élevés entre deux et les ont disloqués.
Les deux rives de l’Araxe sont encaissées entre
ces roches dans un espace de 2 verst. Le grenadier
et le figuier sauvages y ont pris racines
dans les fentes nombreuses de ces masses.
Une petite vallée et un ruisseau limitent ce
calcaire, avec lequel les montagnes s’abaissent
considérablement. Les rives de l’Araxe ne présentent
plus qu’une suite de collines basses de
porphyre pyroxénique ou mélaphyre, qui constituent
les dernières terrasses de ces montagnes
vers la plaine du Karabagh. Il paraît qu’elles
doivent leur naissance aux derniers efforts qui
ont soulevé des portions de la chaîne ; ici, son dos
offre des bancs isolés de craie, là des conglomérats
et des masses alvéolaires.
Enfin le printemps a pris le dessus ; le paysage
verdit, les arbres donnent de l’ombrage ; mais
aussi, à mesure que le pays devient d’un plus
facile abord, les traces des révolutions des hommes
et de leurs guerres augmentent ; partout,
dans les lieux facilement accessibles, des ruines
de villages, des vignes abandonnées. Le seul
village habité qui reste est Baharlè, au bord de
la Pesit, avec des rizières.
L’Alaghez est derrière nous, et des collines
basses de molasse tertiaire et de conglomérat
nous ouvrent une large entrée dans la plaine du
Karabagh. Comme on compte 7 agatches (4o à
45 verst) de Nougadi à Dalikh-tasch ou Tiri\
nous n’arrivâmes à ce village que dans la soirée.
Le pays s’élargit déjà comme quand le Kour sort
de sa vallée de Bardjom pour entrer dans la
plaine de Karthli. L’Araxe, devenu paisible,
était bordé de hauts coteaux qui couvraient un
grand espace. Tout à coup, nous apercevons un
cavalier persan qui s’élance dans cette plaine
marécageuse à la poursuite de plusieurs lévriers.
« Eh! nous dit notre guide, c’est notre hôte,
c’est le seigneur du village de T iri, chez lequel
nous allons loger. » Nous l’appelâmes à grands
cris ; mais il ne nous entendit pas et disparut
parmi les roseaux. <c II aura eu peur de nous; il
nous aura pris pour des Russes, me dit mon interprète
Ali, qui portait l’uniforme d’officier cir-
cassien. Ah ! le nigaud! » et le voilà à exhaler sa
bile, quand soudain le prince s’avance vers nous
à toute bride par un autre côté de la plaine.
« Soyez les bienvenus, nous dit-il, je suis bien
« heureux de vous avoir aujourd’hui pour mes
« hôtes, et je suis allé vous chercher à souper,
« ajouta-t-il, en soulevant d’un air triomphant