Voilà le résultat de mon estimation de la chute
de l’Araxe, d’Ourdabad à Migri, avant de connaître
les résultats du nivellement du bassin de
l’Arménie par M. Parrot; restent encore 1,200
pieds de pente pour son cours ultérieur, ce qui
est plus que suffisant.
Ces cataractes sont infiniment plus belles,
quoique moins considérables que celles duDniepr,
dont les rives ne sont pas encaissées par des murs
de rochers gigantesques.
Nous eûmes beaucoup de peine à trouver un
chemin parmi les blocs ; on en a pratiqué un à
l’angle d’un rocher. L ’Araxe vous y couvre d’écume.
A un ou deux verst de la grande cataracte,
s ouvre à gauche, dans le porphyre dioritique
gris, la vallee de Gcirtchevan, célèbre par son
bon vin mousseux et par une mine d’argent assez
pauvre, que cependant on exploite.
Un peu plus loin, la vallee de l’Araxe se resserre
de nouveau et cette rivière continue à former
des chutes. Jusqu’a Migri, le chemin est
encore plus affreux que celui qui précède. Il
faut traverser des passages où des blocs sont
suspendus sur les bords de l’Araxe.
Sur l’autre rive, les villages de Dusala et de
Kourdache offrent une perspective charmante.
Dans ce dernier, Abas-Mirza avait un palais de
chasse construit, comme tous ceux de ce genre,
avec des cours, des jardins, des enclos entourés
de murs en briques et en terre. Je voyais, en
fleurs, les amandiers et ces beaux grenadiers qui
ont passé en proverbe chez les Persans. Le sein
d’une beauté est toujours comparé aux grenades
de Kourdache.
Enfin, on commence à apercevoir ici une
faible végétation : quelques saules, des épine-
vinettes, sont parsemés entre les blocs.L'euphorbia
rigida avait trouvé assez de terre aussi pour
croître, et l’hélice de Djoulfa rampait sur le sable
et les rochers.
Migri j
Ap rès Cet affreux chemin, on débouche dans
l’étroite vallée latérale de Migri(Méghri). On se
croit transporté dans un paradis ; les saules avec
leurs chatons, les épines en fleurs, les vergers,
les vignes plantées en terrasses, les maisons à
toits en terre, les rochers à cimes aiguës couronnées
des tourelles d’un vieux château, offrent
un aspect pittoresque. La vallée est arrosée par
le Migri-tchai, ruisseau considérable.
La population de Migri est arménienne ; ce lieu
était jadis le siège d’un évêque qui dépendait de
Dathev. Son église est assez bien construite. Migri
, quoique d’un abord si difficile, a été souvent
dévasté pendant les guerres du dix-huitième siè