chef, et l’envisage, suivant les idées généralement
reçues, comme le père des peuples indogermaniques
du nord. Le nom des Kimmériens
eut un long retentissement en Asie, en Grèce ,
longtemps même après leur disparition des
pays qu’ils avaient habités (1). Avant l’arrivée
des Scythes-Khasares , ce peuple jouait le premier
rôle sur les rives du Bosphore qui a conservé
son nom; son.influence ne se bornait
pas à ses rivages, mais les pierres levées de la
côte de Crimée et de l’Eperon caucasien (2), ces
monuments si éminemment kimmériens, font
foi que la chaîne Taurique et une partie du
Caucase étaient soumises à leur civilisation , sinon
à leur empire.
Le choc des Scythes-Khasares contre les Kimmériens
produisit deux réactions opposées. Une
partie du peuple, pour échapper aux Scythes
barbares, s’enfonça vers l’occident de l’Europe,
y porta son type tranché, et sema les moeurs, les
monuments et les idées religieuses de la Kim-
mérie caucasienne jusqu^âufond de l’Angleterre.
Avant son départ, son dernier souvenir dans
l’empire qu’il quittait, fut un grand tumulus en
(1) Hérodote, I. 1, ch. 6 , i 5 , 16, io 3 ; IV, ch. 1, 11
et 12. Strabon, 1. VII, p. 284-299, ed. Basil.
(2) J’ai réuni les pierres levées kimmériennes dans la
pl. 3o de la 4° série de mon Atlas.
mémoire des morts qui tombèrent dans l’effervescence
sanglante d’une décision aussi violente.
Ainsi finit le premier grand empire connu au
nord du Caucase.
Tous les Kimmériens ne purent pas néanmoins
rejoindre leurs frères' qui partaient
pour l’occident : ceux qui habitaient à l’est du
Bosphore et sur l’extrçmité crayeuse du Caucase,
pour éviter les Scythes, prirent une route
opposée ; ils longèrent la côte de la Mer Noire,
comme le dit Hérodote, peut-être aussi, ils
passèrent par les cols du Tsébelda, et arrivèrent
ainsi, vers l’an 633 avant J. -C. , dans le centre
de l’Asie Mineure.
Les Scythes-Khasares, ignorant la route que
leurs ennemis avaient suivie, allèrent, par la
porte de Derbend, les chercher chez les Mèdes,
dont ils renversèrent l’empire. On connaît leur
insolence et leurs brigandages, qu’ils portèrent
jusqu’en Egypte. Leur extermination en fut le
juste châtiment.
Leurs antagonistes, les Kimmériens, eurent
un meilleur sort ; ils pillèrent aussi plusieurs
parties de l’Asie Mineure, entr’autres la Lydie
et les colonies grecques ; mais, repoussés, ils
furent enfin forcés de se constituer en nation
quelque part ; ils choisirent pour siège principal
la Chersonnèse de Sinope.