Ayant eu l'occasion de rendre service à David
Soslan, que sa tante, la reine Roussoudan, cherchait
à faire périr, et que les Mongols avaient
fait prisonnier en Asie-Mineure (1), il obtint de
ce jeune prince, devenu roi de Géorgie après la
mort de sa tante, que l’acte du terrible ana-
theme contre les Orpélians, qui était encore
dans les archives royales, lui fût livré pour être
anéanti.
Darsaïdj ne fut pas moins heureux que son
frère, et sauva la religion chrétienne et tous les
édifices religieux du pays, en obtenant leur affranchissement,
pendant qu’il était gouverneur
de l’Arménie, pour l’empereur des Mongols |
Ar ghoun-Khan.
Son fils fut ce même Etienne, évêque de
Siounie, qui a écrit l’histoire des Orpélians en
1290, de laquelle j ’ai emprunté une partie de
ces détails.
A ma connaissance, il ne reste plus de trace
de la branche des Orpélians d’Arménie, ni de
leurs vastes possessions qui auraient formé plus
d’un grand canton de la Suisse, et les bourgs ,
les monastères, les églises qu’ils ont si magnifiquement
fondés et dotés, sont, pour la plupart,
de l’Orkoun, non loin de sa réunion avec la Sélinga. Voy.
Saint Martin, II, 278.
( 0 Voy. plus haut, t. II, p. 160.
tellement rentrés dans l’oubli, que je n’ai même
pas pu obtenir de renseignements certains sur
la position du célèbre monastère de Nora-
vank (1).
Les Orpélians de Géorgie ont résisté à tant
d’orages, et cette famille qui compte déjà 2,3oo
ans d’antiquité historique, est encore là comme
un monument vivant d’un fait aussi extraordinaire.
Survivre à tant de siècles, à tant de religions
, de révolutions^, de changements de dynasties
! !
Quant le célèbre Güldenstàdt parcourait le
Somkheth en 1772, les Orpélians auquels on
donnait dans le pays le surnom de Kaplanchvili
(fils du léopard) , possédaient encore presque
la moitié du pays. Mais ces belles vallées dévastées
, étaient presque abandonnées aux hordes
tatâres accourues à la suite de Djenghiz-Khan
et de Tamerlan : la population géorgienne était
très-faible 5 il n’y avait que les Arméniens qui
trouvaient moyen, par leur industrie, de se soutenir
sur ce sol livré aux brigandages des Turcs
et des Persans (2).
(1 )Le prince Béboutofï, général et gouverneur d’Arménie,
suppose que Noravank est aujourd’hui Sourp-Karapet.
(2)Güldenstàdt donne comme proportion 2/3 deTatares
pour i / 3 d’Arméniens. Beschreisbung der Kaukas. Lander,
p. 4-5 ( i 834)- La description russe du district de
Bortchalo , qui comprend le centre du Somkheth, sans le