par une longue muraille. Ce groupe de rochers
remplit l’angle du confluent du Poladauri et du
Djavala. Sur les bords mêmes du Poladauri, au-
dessus de Djambala, paraissent les ruines d’un
autre château, celui de Datlékhatche ou Bolnis,
aussi pittoresque que le premier.
Au-delà de Kolaghiri, voulant atteindre les
rives de l’Alghetet éviter un grand détour, nous
montâmes sur la coulée de lave qui, comme
en Arménie, ressemble à une muraille tiraillée,
hérissée de blocs fracturés. On trouve ici fréquemment
des fragments d’obsidienne noire
que le peuple appelle oeil de chameau, disséminés
sur tout cet espace.
Nous passâmes l’Alghet à gué au-dessus d’un
pont ruiné, et bientôt nous eûmes atteint Kodi,
laissant bien loin à gauche de la vallée pierreuse
de l’Alghel, dans une gorge arrosée par un ruisseau
, une troisième colonie, celle d’jElisaheth-
thal, la quatrième ville de ce pays pour la prospérité
et les avantages du sol. Elle est à une
distance égale à l’est, du Grand et du Petit
Enaghet.
On remarque, en regardant une bonne carte
de poste, que la route de Kodi au pont de la
Débéda fait un immense détour, au lieu de traverser
directement la plaine ; on s’en étonnera,
et cependant ce tracé est motivé par de bonnes
raisons : la plaine basse qui borde le Kour est
si chaude, tellement infestée de cousins, qu’il
qu’il n’est pas possible, en été, de la traverser ;
c’est pourquoi on a été obligé de tourner par les
hauteurs pour avoir un air meilleur. Tous les
Tatares qui y passent l’hiver se réfugient pendant
l’été dans les montagnes; à peine reste-t-il
un habitant ou deux par village pour les garder.
Je rencontrai à Kodi le fils du prince de
Tarkou ou Tchamkal, qui allait à Tiflis féliciter
le comte Rosen pour les fêtes de Pâques.
Je reconnus un des postillons si peu complaisants
de Mouganli qui l’avait amené et qui faisait une
triste mine ; car son altesse ne s’était pas montrée
fort généreuse et ne lui avait rien donné. Je
ne pus lui conserver de rancune : Tiens, voilà
pour tes Pâques, lui dis-je, mais à l’avenir sois
plus serviable pour les pauvres étrangers.
Passé Kodi, nous descendîmes dans un grand
bas-fond ou cirque volcanique très-extraordinaire
, dont les parois sont fort escarpées et ne
s’abaissent un peu qu’au sud, où s’élève, au-dessus
du talus, un cône isolé. Les parois de ce vaste
cratère ne me parurent consister qu’en cendres
et scories de toutes couleurs. Au fond du cirque,
est resté un lac sans issue, et qui est saturé de
sel de Glauber, Nous sortîmes de ce cirque en
remontant sur un plateau porphyrique, dont les
roches ressemblent à celles qui avoisinent les
bains de Tiflis,.