schiste, consiste, comme à Naftlougi et à Avla-3
bar, en amas de gros cailloux, débris roulés de
schiste, de grès et quelquefois de calcaire noir :
ces cailloux sont disposés par lits horizontaux,
qui ressemblent à un grossier conglomérat, dont
les gros blocs éboulés bordent le chemin.
Nous passâmes à 4 verst de Tiflis le petit ruisseau
de Véra, puis au 10e verst, nous entrâmes
dans un rélargissement de la vallée qu’on appelle
plaine de Dighomi, longue de quelques verst,
sur 2 ou 3 de large. Elle est célèbre dans l’histoire
de Pharnavase, qui commence vers l’an 3oo
avant J.-C. la série des rois de Géorgie. Cette
légende que j’ai rapportée plus haut (1), n’est
pas invraisemblable, pas même le fait de la
grotte, qui pourrait fort bien être l’une de celles
qui tapissent ici en grand nombre le rocher,
comme on le remarque sur la route de Tiflis au
grand Avthala, en remontant la rive gauche du
Kour. Mais est-elle vraie? Il n’est pas plus possible
de la certifier que celles qui sont la base de
toutes les histoires anciennes.
Après la plaine de Dighomi, nous rentrâmes
dans les défilés qu’on a eu peine à ménager entre
le rocher et le Kour. Le paysage est sauvage
et le fleuve présente nombre die points de vue1
pittoresques;
(i) Tome II, p. 35.
En face de Mtzkhétha, non loin de l’endroit
où S. M. l’empereur Nicolas faillit être renversé
dans le Kour, ce fleuve change tout à coup de
direction et fait un coude brusque : les rochers
s’ouvrent, et une fente sombre permet au Kour
de s’échapper des bassins supérieurs du Karthli
pour entrer dans la vallée de Tiflis. A ce coude,
que les Géorgiens appellent le genou du diable,
Dévis -Namoukhli, le Kour reçoit l’Aragvi qui
coule du nord au sud.
Nous remontâmes le défilé, en nous enfonçant
dans la fente du Kour : plusieurs rochers déchirés
à pic s’élèvent du sein du fleuve; des restes
de forteresses, de tours couvrent ces rochers.
Un vieux pont lancé d’un rocher à l’autre
transporte le voyageur à travers un bras du
Kour, jusqu’au pied d’une vieille tour et d’autres
ruines, qui séparent le petit pont d’uù plus
grand dont le milieu est en bois; l’arche qu'on
a ainsi remplacée a disparu depuis longtemps, et
si c’est ici vraiment le pont que construisit Pompée
pour poursuivre Mithridate et ses alliés, il y a
longtemps qu’il brave la puissance des éléments.
Au-delà du pont, revenant sur nous-mêmes ,
nous longeâmes les rochers sur lesquels s’élevait
jadis le fameux faubourg de Sarkhme (1) , assiégé
par Alexandre de Macédoine.
(1) Voyez t. I I , p. 29 et 3 a. •