pages étaient en tête , et après lui venait une
longue suite d’autres voitures et de chariots qui
profitaient de la même occasion ; car chaque
voyageur et chaque marchand a ce droit.
Mais la marche, comme on peut en juger par
la nature de notre escorte, était d’une lenteur
fatigante ; nous étions obligés de nous régler sur
le pas des vingt soldats d’infanterie du convoi.
De distance en distance, on faisait des haltes
pour leur donner le temps de reprendre haleine,
et après avoir voyagé toute la journée, nous
nous trouvions bien heureux d’avoir parachevé
une trentaine de verst.
Pour moi, profitant de la lenteur de la marche
, j ’allais à droite et à gauche, explorant les
objets que je pouvais atteindre sans m’écarter
de la protection de l’escorte et de la discipline
de l’expédition. Malheureusement, le pays que
nous traversions prêtait fort peu à des recherches
géologiques ; pays de plaine, envahi par des
rivières, il n’offrait que des traces d’alluvion,
recouvertes par un sol fertile, mais peu peuplé ;
des tumulus, quelques tombes modernes et
quelques ruines d’édifices en interceptaient
seuls la monotonie.
Pour revenir au journal de notre voyage,
nous partîmes de Yladikavkas le ~ juin i 834.
Au sortir de cette ville pluvieuse, commence
cette foule de tumulus qui couvrent les plaines
au nord du Caucase; aucun n’était couronné
de statues en pierre ou baba : ce genre de
monument ne commence qu’au nord de Stau-
ropol.
Notre première halte se fit à la station
àüArlchon, à 16 verst de Vladikavkas, et nous
fîmes notre seconde station, qui était de 16 verst
et demi, jusqu’à Arédonskoi, sans que rien
ni d’intéressant ni de fâcheux vînt couper la
monotonie de notre pèlerinage.
Nous passâmes la nuit à Arédonskoï, et ce
fut avec une joie extrême qu’au lever du soleil
je pus contempler la magnifique vue du Caucase
qui s’étale aux yeux comme un immense panorama.
On voit toutes les cimes principales ; mais
celle du Kasbek, comme la plus rapprochée,
joue le plus grand rôle, et sa coupole de neige,
qui est appuyée sur ses énormes promontoires
qui se dessinent à grands traits au-dessus de la
plaine, n’en paraît que plus imposante. De nulle
part le Kasbek, hors de la chaîne, ne se présente
plus à son avantage.
Mais tout s’est voilé au bout d’une demi-
heure ; un brouillard s’est levé, et nous n’avons
plus rien vu du Caucase pendant le reste
de la journée.
Le 3 juin nous mena le matin jusqu’au poste
de Minara ou Dourdoury au bord de la Dour—
dour ou petite Psikouche.