sécurité, pendant que je me repaissais de la vue
des vertes prairies de l’Otkritoï, qu’un parti de
Tcherkesses s’était approché de la colonie Ecossaise,
au pied du Béchetau et en avait enlevé
plusieurs enfants. Ces brigands n’avaient pas
passé bien loin de notre route 5 mais ils avaient
profité des heures de la nuit, et s’étaient cachés
pendant le jour dans les bois du Béchetau.
Akhandoukof est le dernier fort des Russes
en remontant la Kouma qui est resserrée dans
un étroit vallon nu et gazonné. La fortification
consistait en un carré palissadé en bois, avec une
grande porte aussi en bois ; au dedans s’élevaient
la maison de l’ataman et celles des Cosaques. A
la vue de remparts si chétifs, je ne pouvais que
m’étonner du courage des Cosaques qui osaient
y demeurer en sécurité.
Après avoir fait une excursion dans les alentours
pour visiter les rives de la Kouma, où le
grès vert se présente sous les mêmes formés que
le long du Podkoumok, j’eus tout le temps de
faire mes réflexions, car vers le soir la fièvre me
reprit, e t , couché sur le pauvre feutre de l’ataman
qui était absent, je comptai les instants par
les cris des sentinelles.
Aux premières lueurs du jour, je vis arriver
mon compagnon de Voyage pâle et défait; il
n’avait pas dormi non plus ; l’inquiétude n’y
était pour rien ; mais il se plaignait beaucoup. Il
paraît qu’il avait bu le jour précédent tant d’eau
acidulée de Kislavodsk qu’elle l’avait dérangé.
Découragé par ce contretemps et par mon
propre état de continuer ma route, je le fus
encore bien plus quand, après tous les renseignements
possibles, j’appris que j ’avais encore
75 verst de chemin jusqu’à Djougouté, sur le
Kouban.
Les Cosaques comptaient ÜAkhandoukof\xxs>-
qu’à Verkhnoi Tarkatchi, 12 verst. Delà jusqu’à
Sredndi- TarJcatchi, 5 verst : puis jusqu’à Ouste-
Tarkatchi, 8 verst. De Ouste-Tarkatchi à Djou-
gouté, ils comptaient 5o verst par un pays nu,
désert, sur un haut plateau. Ils ne savaient
pas si je pourrais trouver à Ouste-Tarkatchi une
assez forte escorte pour pouvoir faire sans danger
un si long trajet.
Les difficultés a surmonter ne m’auraient pas
effrayé si j ’avais été en bonne santé. Mais tourmenté
par la fièvre comme je l’étais , je n’avais
rien de mieux à faire que d’aller me guérir a
Pétigorsk, et c’est ce que je fis.