au secours de Priam pendant la guerre de
Troie ( i3oo avant J.-C.). Plus tard, attaquée
parles Kimmériens, une partie de la nation
émigra au nord de la mer Adriatique sous le
nom de Vénètes.
Enfm, Thogarmah représente les anciens
Phrygiens, les habitants primitifs de l’Asie Mineure
, race que l’on suppose avoir été aussi le
fond principal des nations arméniennes et géorgiennes.
Les chroniques des deux peuples, à
tort ou a raison, sont unanimes, comme je
l’ai rapporté plus haut (1), pour se donner le
nom général de Thargamosiens ; mais les colonies
qui vinrent du sud pour les civiliser et les
gouverner leur firent prendre le nom de Thogarmah
qui resta à d’autres peuples (2). Aussi
la Genese, par le nom de Thogarmah , ne désigne
t-elle que les Phrygiens de l’Asie Mineure
dont Ezéchiel vante les richesses en chevaux
en cavaliers et en mulets.
Ces Thogarmah-Phrygiens sont une preuve
manifeste que la Genèse n’entend par Gomer,
Askhanaz, Riphath et Thogarmah, que les habitants
de la Petite—Asie, et non ceux du nord
du Caucase ; car pourquoi aurait-elle joint aux
premiers ces Thogarmah-Phrygiens, peuple
( 1) T. Il, p. 9.
(2) Saint-Martin, Mémoires, etc., 1, 2o5.
pour ainsi dire autochtone de la Petite-Asie, et
qui n’en est jamais sorti? Il n’y a que cette manière
de voir qui explique le texte sacré, et la
filiation qui y est exprimée, se déduit des faits
eux-mêmes : car au temps donné du tableau
génésique, les Gomer de l’Asie Mineure s’étaient
effectivement soumis le nord de cette presqu’île,
la Galalie, la Paphlagonie, la Phrygie, la My-
sie, comme le raconte Hérodote, et là résidaient
les trois peuples que la Genèse regardait comme
ses enfants.
Ce peu de mots sur l’Asie Mineure a une
grande portée, car tout prouve que ce pays a
été longtemps le théâtre d’invasions et de colonisations
des peuples indo-germaniques. Il
n’est pas probable qu’elles soient toutes venues
des bords de la Mer d’Azof avec les Kimmériens
et avec les Méotes, maris des Amazones.
Cependant il est clair qu’il existait entre le nord
et le midi de la Mer Noire des points de contact
que nous ne pouvons nous expliquer que
par le renom, la puissance et la valeur militaire
de l’empire des Kimmériens qui semble embrasser
à lui seul tous les autres peuples. C’est encore
un rôle pareil à celui que les Normands ont
joué.