minés ; une dizaine de familles qui composent
toute la population actuelle de Djoulfa 1 se sont
établies dans celui de la rive gauche.
Tout autour, jusqu’à un verst de distance sur
le bord uni du fleuve, dans les ravins , sur les
rochers pittoresques et contre leurs parois escarpées,
sont disséminées les habitations, à
demi - écroulées, à demi-enterrées, à demi-lavées
par les pluies, à demi-entraînées par les
torrents. Il n’y reste de vivant que le terrible
scorpion noir de Djoulfa, plus grand et plus venimeux
que les scorpions ordinaires ; il n’y a
pas d’année qu’il ne périsse de sa piqûre quelqu’un
de ces dix pauvres familles de Djoulfa. Je
me donnai toutes les peines possibles pour en
trouver un; mais la saison n’était pas encore assez
avancée, ce n’est qu’au mois de mai qu’il
commence à pulluler.
Cependant, à ma grande surprise ,.je ne trouvai
aucun des édifices de Djoulià très-remarquable,
soit par la richesse, soit par la majesté
de son architecture; l’incendie qui causa leur
ruine les a trop maltraités. Toutes les maisons
étaient en pierres de grès bigarré, fiées avec de
l’argile rouge. Les églises étaient un peu mieux
construites, mais sans approcher du luxe ordinaire
des églises arméniennes. C’était dans leurs
tombeaux que les habitants de Djoulfa mettaient
leur gloire et leurs richesses.
Passez la seconde muraille qui ferme l’autre extrémité
de la ville ; est-il rien de plus beau que
ces milliers de pierres sépulcrales dressées et
pressées à côté les unes des autres comme une riche
moisson d’épis et qui recouvrent une grande
étendue de terrain le long de l’Araxe. Ces pierres
ont 8 à 9 pieds de hauteur, et présentent un labyrinthe
de morts où les vivants, après trois
siècles, peuvent venir trouver toute une génération
dormant comme si elle venait de mourir la
veille ; car ces monuments en grès du Taroudagh,
couverts de sculptures, d’arabesques, de bas-
reliefs, sont frais comme s’ils sortaient de la
main des sculpteurs.
Ces monuments sont de deux espèces : les
uns consistent en une pierre longue de 7 à 9
pieds, plantée debout à la tête d’un bloc long et
carré, qui représente le tombeau. Sur cette longue
pierre, vous voyez dans un cadre orné d a-
rabesquês superbement travaillées, des croix de
différentes grandeurs chargées d’ornements : le
haut de la pierre est orné quelquefois de bas-
reliefs représentant des scènes de la Bible, ou un
saint Georges, ou un sphinx persan, à double
corps, avec une tête d’homme au milieu. Chaque
pierre a son inscription en arméiiien, avec la
date. Beaucoup sont admirables par le fini du
travail qui les rendrait dignes de figurer dans
un musée. Quelques-unes des plus belles étaient