pas la mer. Les plus savants apprennent qu’ort
peut s’y rendre par terre en faisant un grand
détour par le midi de la Russie, par le Caucase,
et les voilà qui se résolvent à entreprendre ce
voyage périlleux. Chacun s’empresse de vendre
ses immeubles et tout ce qu’il ne peut emporter,
On chargea le reste sur des chariots, et des populations
entières s’acheminèrent ainsi vers la
Terre-Sainte.
Ils n’appartenaient point du tout à celle
classe de colons que la Russie, depuis le commencement
du siècle, cherchait à attirer dans
ses Etats, pour l’aider à repeupler les vastes
étendues de pays qu’elle venait de conquérir
sur les Tatares et sur la Turquie. Répondant à
son appel, les memnonistes de la Prusse ducale
étaient entrés les premiers en arrangement avec
ce gouvernement qui accordait 67 dessétines de
terres à chaque famille en propriété , avec des
pâturages en proportion, des bois de construction
pour se bâtir des maisons ou des maisons
toutes faites, à charge de remboursement dans
un temps donné. L’on exigeait, en retour, que
chaque famille apporterait avec elle un capital de
12 à îâoo roubles (1).
Voyage du maréchal duc de Raguse, t. I , p. 3 5 i.
Cet ouvrage , qui est une peinture très-fidèle de ce que le
maréchal a pu observer dans le midi de la Russie , est défiguré
par les noms propres qui sont souvent méconnais-
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A u x memnonistes, s’empressèrent de se joindre
des Suisses, des Allemands de toutes les nuances
de culte, catholiques, réformés. Le nombre de
ceux qui venaient réclamer l’indemnité du gouvernement
, se trouva si considérable et dépassa
tellement les prévisions du gouvernement, que
la majeure partie de ces nouveaux venus se
trouva, au premier moment, dans une très-fâcheuse
position. La peste, les guerres avec la
France et la Turquie, qui survinrent au milieu
de ces migrations, mirent le comble à leur misère
, et des familles entières périrent avant que
le gouvernement eût pu les loger, les répartir
dans leurs nouvelles demeures. Aujourd’hui
que le. voyageur traverse les riantes colonies
qui bordent les cataractes du Dniepr ou les rives
de la Molotehena, et celles qui sont semées sur
les flancs de la chaîne Taurique ou du Béche-
tau, il a peine à se figurer toutes les premières
souffrances, les premières difficultés de ces nouveaux
établissements, si prospères aujourd’hui.
En i 834, le seul gouvernement de Crimée
comptait 5,645 colons allemands et suisses, et
5,239 memnonistes, en tout 10,884 colons
étrangers (î).
sables sous le travestissement dont l’éditeur s’est plu à
les accoutrer.
(1) Guide du voyageur en Crimée, par C. H, Montant
don, p. 56 et 3 4 6.