des barbares du Nord par des lignes de fortifications
qui rivalisent presque en longueur avec
celles de la Chine ? Ainsi ils élevèrent, vraisemblablement
sous Adrien, le fameux rempart dit
de Trajan, dont le nom retentit encore dans la
bouche des habitants de la Moldavie, de la Po-
doheet meme de 1 Ukraine. Tout ce qui est grand
est de Trajan.
Démétrius Kantémir, dans une description
qu’il a faite, il y a plus d’un siècle, de la Moldavie
(i), décrit ce rempart, qu’il fait passer de
Petervaradein sur le Danube, en Hongrie, par
les montagnes de Démir-hapou (Portes de Fer) |
aujourd’hui montagnes d’Orsova. De là , sous la
forme d’un simple retranchement, il le fait traverser
la Moldavie et la Valachie, couper le
Pruth près du village de Trajan, le Botna près
de la ville de Caunah, et après cela, le conduit
à travers toute la petite Tarlarie, jus qu’aux rives
du Don ; il lui assigne ainsi environ 4°Q lieues
de France de longueur.
La seule partie bien connue de ce rempart
s’étend en effet entre le Pruth et la mer Noire ,
sur une longueur de 33 lieues ou i 3o verst. Les
armées russes le connaissent fort bien et l’ont
passé et repassé maintes fois.
Le reste de ce rempart est très-incertain, et
( i )P . 76 et 77.
même, ce que dit Kantémir de sa prolongation
jusqu’au Don ne me paraît pas même probable;
je n’en ai vu nulle trace sur les différents points
que j ’ai traversés, et n’en ai jamais entendu
parler, de façon à confirmer l’opinion de Kantémir.
Un second rempart, dont j ’ai visité plusieurs
tronçons en Podolie , peut être assigné, avec
beaucoup plus d’assurance que le premier, à
l’empereur Trajan qui, après la conquête de la
Dacie , avait ainsi tracé une frontière à l’empire
romain , au-delà du Dniester.
Les Romains défendirent aussi l’Allemagne
par des murailles sur plusieurs points ; on en
voit des restes dans la principauté de Hohenlohe
près d’OEhringen, et tout le monde connaît le
mur du Diable, qui s’étend de Dinketspuhl vers
Ingolstadt, et qui a près de 24 lieues de long.
Enfin , ne fallut—t-il pas qu’Adrien fît construire,
en i 3i de J .-C ., entre l’Angleterre
et l’Ecosse actuelle, sa fameuse muraille Calédonienne
ou Picts-TVall, qui devait empêcher
les fiers Calédoniens d’envahir l’empire romain
?
Toujours le Midi s’est mis en garde contre le
Nord. Quelle belle muraille la nature avait élevée
entre la mer Noire et la Caspienne, pour faciliter
cette défense de ce qu’on appelle la civilisation
contre la barbarie ! Cependant, nous