unes en osse, écrites en lettres géorgiennes.
J’ai déjà indiqué celle de Tsno, qui n’offre aucun
sens, expliquée par le géorgien.
Il n’existe pas de littérature osse ; car, à l’exception
du catéchisme publié en 1798 par
l’archimandrite Cajus, et de quelques fragments
de livres religieux, on ne connaît rien de ce
peuple.
Au lieu de contrat par écrit, on se donne réciproquement,
comme en Litvanie, des baguettes
avec des entailles, où l’on marque les
points du contrat.
Leurs chroniques consistent, comme chez les
autres montagnards du Caucase, en têtes et en
cornes qu’ils amassent dans les maisons de sacrifice
ou dans les églises, et d’après lesquelles ils
classent les principaux événements arrivés dans
leur district : on se les montre en se répétant ce
que l’on a appris des anciens. On juge combien
une chronique pareille doit être bornée et sujette
à erreur de date.
Les recherches que j ’ai faites sur la langue
osse, pour savoir avec quelle autre langue elle
avait le plus d’affinité, m’ont donne l’idee de la
comparer avec quelque groupe des langues du
Nord, qui eût une importance historique. J’ai
choisi pour cela le groupe vendo-slave des Let-
tes et des Litvaniens, et mon travail a eu le plus
heureux résultat,
J’ai confronté un à un les 740 mots osses de
Klaproth avec le dictionnaire lette ou courlan-
• dais de Stender, et j’en ai trouvé plus d’un bon
tiers qui ont des affinités, quelquefois même leurs
racines ou leurs dérivés, dans le lette.
Or, les mots léttes qui ont ainsi une analogie
plus ou moins rapprochée avec la langue osse ne
sont pas ceux d’une civilisation récente, ou qui
soient dérivés de l’état actuel du peuple; ce
sont, au contraire, les termes fondamentaux de
la langue, les formes grammaticales, les verbes,
les prépositions.
Cette ressemblance ne pouvait me surprendre;
je m’y attendais : elle est encore plus grande
entre le litvanien et l’osse qu’entre le lette et
celle-ci. Tout ce que j ’avais vu de caucasien chez
ces Vénètes septentrionaux m’avait déjà fait
soupçonner d’anciens rapports très-étroits entre
ces deux groupes de nations. J’en ai parlé en
traitant des moeurs de la nation tcherkesse.
J’étais heureux de les Voir se confirmer jusque
dans les rapports de langue.
Voici soixante-quinze mots osses que j’ai comparés
au lette, et qui mettront à même de juger
de la ressemblance. J’aurais pu en quadrupler
facilement le nombre.