aux chefs des villages arméniens, ce qui rappelle
beaucoup lesMélikhs, petits rois de la Bible, qui
se comptaient par centaines dans le pays de
Chanaan.
Le 28 mars (9 avril), avant de passer l’Alin-
dja-tchaï pour continuer ma route vers Ourdabad
,je|fu s fort surpris de trouver à l’angle de
son confluent, sur les roches de grès rouge, un
massif de grès jaune grossier qui appartenait
évidemment à ce calcaire à nummulithes, qui
forme les plus anciennes des formations tertiaires
dirbassin de Paris, de la Gallicie et de la
Crimée. La roche entière est pétrie de nummulithes
qui ne sont pas plates comme celles des
formations tertiaires , mais bombées vers le
centre, épaisses et ressemblant à celles de la
craie de France et d’Allemagne. Elles sont accompagnées
d’une énorme huître, d’un Ceri-
thïum plus court que le gigantesque de Grignon,
de Natica conoïdea, de Pyrula fico'ides, de
Turitella imbricataria, de Trochus, voisin du
patulus et du conulus Eichw. ; de Terebellum,
voisin du convolutum, de Conus, approchant
du deperditus, de Buccinum et de deux oursins
que j ’ai fait dessiner V e série, pl. 4> des
fossiles, f. i 4 et i 5 ; le Schizasler Dulfensis,
mihi, et le Spatangus depressus, inihi.
Les couches de ce grès tertiaire sont redressées,
ce qui indique de deux choses l’une : ou
que le dépôt s’en est fait dans un temps de révolution,
ou qu’il a été bouleversé depuis. Toutefois
, il est très-intéressant de retrouver ces
lambeaux de tertiaires aux deux extrémités de
ce bassin volcanique de l’Arménie.
Jusqu’à Ourdabad, tournant autour du pic
noir basaltique de l’Ilanli (montagne des Serpents)
, nous traversâmes un pays coupé de
collines de marne jaune et de grès qui plongent
sous le grès rouge. Partout, le sol est recouvert
de cailloux et de blocs erratiques de diorite et
d’autres roches cristallisées.
Plus on approche d’Ourdabad, plus on s’aperçoit
qu’on s’avance vers le fond d’un vaste hémicycle
de hautes montagnes, vers lequel se
dirige aussi l’Araxe , sans nulle apparence d’issue.
Déjà, à 5 ou 6 verst d’Ourdabad, commencent
des jets de porphyre pyroxénique ou mé-
laphyre ; à Ourdabad même , on se trouve sur
une vaste formation de schiste noir; derrière,
plus de vallee, plus d’espace libre, mais une
énorme muraille inaccessible, nommée Belke,
et noeud de la chaîne de l’Alanghez, au nord de
l’Araxe, et celle du Karadagh au sud.
Ourdabad, adossé à cette muraille, et dont
les maisons sont parsemées, depuis les bords
d’un double ruisseau jusque sur le sommet
des collines, de schiste noir, me parut un
lieu charmant ; j y vis les poiriers et les aman—