« un beau faisan que ses chiens avaient pris dans
« les roseaux qui en sont peuplés. Voilà pour-
« quoi je n’ai pu vous répondre ; une fois mes
•( chiens lancés, j ’ai dû les suivre, sous peine de
« les voir manger mon gibier ; ce sera pour assaisonner
notre piaf. ,, Nous traversâmes le
Tchalounder-tchai et nous suivîmes le prince
dans sa hutte d’hiver souterraine, qui ne se distingue
en* rien des autres habitations de Tiri,
creusées dans le pied d’une haute colline isolée,
à l’angle oriental du confluent du Tchalounder-
tchaï et de l’Araxe. C’est la dernière ondulation
du sol sur la rive gauche vers le Karabagh; élevée
de 3oo a 400 pieds au-dessus de l’Araxe, sa
moitié supérieure est couronnée par un rocher
escarpé de calcaire blanc (craie?) qui supporte
les débris de la forteresse de Tiri, ruinée depuis
longtemps. Assis sur le gazon naissant, j ’écrivis
dans mon journal la description suivante ;
« Superbe paysage : on plane sur l’Araxe qui
ralentit son cours en entrant dans le bassin du
Karabagh et qui serpente en formant plusieurs
îles. Ses eaux troubles et jaunâtres se mêlent aux
ondes claires et limpides du Tchalounder-tchaï,
qui arrive en se glissant au milieu des buissons
et des rizières. Derrière ce confluent se développe
une belle plaine couverte de champs de
céréales et d’arbres, sur laquelle de petits points
noirs indiquent le bétail qui paît. A gauche, dei>
rière l’Araxe, s’élance une haute paroi de calcaire
jaunâtre, à trois étages, tapissée de gazon
et de genévriers. A droite, derrière les collines
de molasse, s’étend toute la chaîne de l’Alaghez
ou duKapan, qui, des bords du lac Sévang, vient
barrer l’Araxe. Ses sommets sont couverts d’une
neige brillante que percent de temps en temps
des pics de diorite très-escarpés et entièrement
nus. En avant, des collines arrondies et d’autres t
à parois escarpées, indiquent les serpentines et
le calcaire noir. Dans le fond de la vallée où
bouillonne l’Araxe, des montagnes de toutes les
formes imaginables, et quelques-unes, couvertes
de neige, se présentent aux regards de l’observateur
; les nuages coiffent leurs cimes. Dans le
lointain, les collines s’abaissent au niveau des
plaines verdoyantes du Karabagh, que traverse
l’Araxe. »
Trajet de Tiri à Choueha par la vallée du Bergouchette,
celle de l’Akiéritchaï et Kaladarassi. f avril 1834-
J’avais l’intention de suivre le cours de l’Araxe
dans la plaine du Karabagh , et de visiter
le pont de K.houdapèrim, si remarquable, que
les habitants du pays croient que Dieu l’a construit
de ses mains (1). Je voulais ensuite, tournant
par le plat pays, atteindre ainsi Choueha
( 1) Khouda Afrinx signifie : création de Dieu,