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triste place couverte de débris à moitié nivelés
sous le sol, vous voyez au bord de la colline une
petite voûte écroulée; l’intérieur., qui forme un
espace octogone de 10 à 12 pieds de diamètre,
a été déblayé, et des tas de lampes brisées ou de
vieuxmorceaux de pots qui en ont tenu lieu,
avec des résidus de graisse, restes de la piété
des fidèles, recouvrent le sol : avec quelques
pans de murs lézardés qui forment encore un des
côtés du tombeau, vous avez tout ce que les
hommes ont fait pour le souvenir de leur aïeul.
Cependant il ne se passe pas de jour qu’il n’arrive
ici des pèlerins de toutes les nations, Russes,
Arméniens, Juifs, e tc ., pour révérer notre père
commun. De ce tombeau, la vue se porte, d’un
côté, sur la vaste plaine d’Arménie , derrière
laquelle s’élèvent les deux cimes de l’Ararat, et de
l’autre sur le vaste panorama de montagnes dio-
ritiques qui enferment comme une muraille à
tours et à crénaux toute l’extrémité orientale du
bassin de l’Arménie où se porte FAraxe. La
principale s’élève en pain de sucre isolé; on
lui donne le nom de Ilanli, Montagne des Serpents.
Tavernïer (1) dit que c’est parce que
quelque sources qui coulent au pied ont la vertu
de guérir de la morsure des .serpents ; il ajoute
même que si l’on porte quelque serpent sur ce
sol défendu, il meurt aussitôt.
( 0 T. ï, p. 56.
Le travail de ce tombeau est du même style
et des mêmes matériaux“ que les autres monuments
de Nakhtchévan, et prouve qu’il a été
renouvelé sans doute sous les Émirs (i V.
Joseph et Bérose, il est vrai, avec les chrétiens
orientaux, syriens et arabes, trouvent la montagne,
sur laquelle s’arrêta l’arche dans les montagnes
des Courdes, au nord de la Mésopotamie et
de l’Assyrie. Mais on sait que des traditions plus
universellement suivies dans le N. O. de l’Asie et
chez les Juifs d’Alexandrie, ont placé constamment
la scene de ce grand événement biblique
sur 1 Ararat d’Arménie (2). Dans la nuit des
temps, Nakhtchévan existait déjà. Plus tard,
Ptolémée l’appelle Naxuana (3). Chahpour,
dans le quatrième siècle de notre ère, sous le
règne d Archak III (Arsace) , la détruisit ; ' elle
était très—peuplee ■ alors, selon Faustus de Byzance,
qui dit qu?elle renfermait 2,000 maisons
arméniennes et plus de 16,000 maiSons juives qui
furent ruinées (4). Elle fut rebâtie bientôt après ;
et quand les musulmans, au commencement du
huitième siecle, vinrent conquérir l’Arménie,
( 1) V.oyez IIIe série, pl. 29 de l’atlas.
(2) S.-Martin, Mém. hist, et géog. sur VArm., I, 261
et seq.
(3) Ptol ., G é o g r lib. V, cap, (3 .
(4) Faust. Byz., IV, 55o.
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