A peu près au 13e verst, le sommet des montagnes,
à gauche de l’Araxe, commence à se
couronner de quelques énormes massifs de calcaire
noir, qui n’a même plus aucune trace de
couches; formations jusqu’ici réputées neptu-
niennes.
Mais le spectacle des rapides n’atteint toute
son effrayante sublimité que lorsque le fleuve ar-
arrive au coeur de la chaîne au i 5e verst. Un
groupe d’aiguilles, d’obélisques, de pyramides de
toutes formes et absolument nues, dont l’Alan-
ghez, recouvert de sa coupole de neige, est le
centre, au nord de l’Araxe, sort du fond ténébreux
des entrailles de la terre pour monter à
une hauteur imposante à travers tout le système
de ce calcaire siliceux noir.
La roche principale est du porphyre dioriti-
que coupé de veines, de bandes, de taches d’une
roche verte composée d’un mélange d’épidôte,
d’amphibole et de calcaire.
Dès que l’Araxe rencontre cette barre, sa force
redouble; ee n’est plus la masse fendillée du
schiste argileux et du calcaire noir siliceux, facile
à entraîner. Son ht rétréci est encombré de blocs,
gros comme des maisons , sur lesquels il écume
et rebondit. C’est un de ces blocs que Châh-
Abbas montrait à ses courtisans qui l’entouraient,
en leur disant : « Voilà comment il faut résister
à l’ennemi. » — « C’est facile répondit l’un d’entre
eux, quand on est si bien soutenu ; » et il indiquait
du doigt ces imposantes masses qui encaissent
la cataracte. Moïse de Chorène fait mention
dans son histoire des chutes de l’Araxe,
qu’il appelle ylrasbar (1).
Rien de plus sévère, de plus sauvage que le
paysage encadré dans cet enfer d’eau. Sur le
fond éclairé de la rive gauche , des ombres fortes
et droites dessinent les formes angulaires et les
longues fissures des roches tachées de gris et de
rouille, dont à peine quelque végétation voile la
nudité. Des filocs écroulés et entassés élèvent sur
la,rive une muraille terrible ; du milieu de ce
chaos percent quelques arbustes, sans cesse humectés
par les tourbillons de poussière humide*
que le courant de la rivière emporte bien haut et
qui remplit l’atmosphère. L’autre rive , plus triste
, plus escarpée , est ombragée par d’énormes
contreforts noirs qui semblent vouloir soutenir
ses masses prêtes à tomber (2).
J’estime que d’Ourdabad à la grande chute
d’Arasbar, l’Araxe a une pente de 5o pieds par
verst, ce qui, pour 4 6 verst, donne 800 pieds.
La grande chiite d’Arasbar est au
moins de • . r* . . . . . 10a
La grande ehute de Migri . . , 400
i , 3oo pieds»
'( 1) Saint-Martin, I, 209.
(2) Voyez atlas, IIe série, pl. 39.