Pour bien juger de l’ensemble de ce gigantesque
paysage, il faut se poster à Kasbek même,
d’où j ’ai pris la vue que j’en donne. On a l’embrasure
en face; les cimes schisteuses à gauche ,
et à droite le grand promontoire des épanche-
ments du Kasbek, qui ont coulé jusqu’au Térek,
sans le dépasser. L à , sur ses flancs, les laves ,
par la loi du retrait, se sont divisées en une multitude
de prismes réguliers ou irréguliers, qui
s’accumulent en autant d’étages qu’il y a de
coulées.
Dans l’embrasure même, les coulées n’abordent
pas le Térek actuel, un bas-fond les en sépare
; leur extrémité forme un talus noir jonché
de débris,
Sur la partie la plus basse du dos de ces coulées
, s’étend, en face, le village osse de Gher-
ghéti, dont les maisons rappellent toujours celles
des autres montagnards géorgiens.
Le reste du plateau est occupé par les champs
des habitants du village, qui en possèdent aussi
dans la plaine basse qui borde le Térek en avant
du talus des coulées.
Par une gorge à droite, le Tchkhéri, ruislimite
de la glace à io,oi 1 pieds , et le point le plus bas
des glaciers à 7,991 pieds. Le plus haut point atteint par
lui était à 13,942 pieds. Je reviendrai sur la différence du
chiffre obtenu par les deqx nivellements.
seau qui vient du N. E. du mont Kasbek, se
jette dans le Térek (1).
A gauche, un autre ruisseau, auquel quelques
personnes donnent le nom de Gherghéti-Don,
descend de la gorge du mont Kvénéche-Mta, et
encombre la plaine de ses cailloux et de ses blocs
entraînés.
Gherghéti, au dire de Reineggs, doit son origine
à l’afïluence de pèlerins et de pieux Osses,
qui vinrent se fixer dans le voisinage de l’église
de Gherghéti, que l’on voit sur le sommet du
Khvénéche-Mta, à 6,674 pieds de hauteur absolue
, selon M. Meyer (2). L’église ect murée
dans le style des anciens monuments de ce
genre, dans les hautes vallées du Caucase, Elle
a un dôme, et elle est entourée d’une muraille
qui défend les abords d’un cimetière réputé
très-saint ; sür les côtés s’élève un antique clocher
géorgien,
( 0 Dans l’angle du confluent de ce ruisseau avec le
Térek, s’élève ün superbe rocher en prismes basaltiques
réguliers, perpendiculaires ; les Géorgiens l’appellent
Gourghinis-Mta, la montagne de la Couronne. Reineggs
en a donné un dessiri un peu fantastique, pl. B , à p. 20,
t. I. La statistique x’usse écrit Tse/chéri.
(2) Un nivellement barométrique, dont je rapporterai
plus bas les détails, et exécuté par les ingénieurs russes ,
donne pour cette même hauteur le chiffre de 7,2 h pieds,
qui me parait exagéré.