des Orpélians et alla mettre le siège devant
Lorhi.
Ivané et Temna s’y défendirent pendant sept
mois ; on leur lança des flèches avec des lettres
pour les engager à se rendre. Ivané était inébranlable
, se confiant sur un secours prochain
d’Eldigouz. George poussa le siège avec vigueur.
Temna, frappé de terreur mal à propos, descendit
une nuit par-dessus les murailles, et vint
se jeter au pied de son oncle , demandant la vie
pour toute grâce.
Heureux d’un événement si inattendu, George
envoya auprès d’Ivané pour lui remontrer l’inutilité
de sa défense, et lui offrir une capitulation
honorable. George lui jura, par le serment le
plus solennel, qu’il ne lui ferait aucun mal, et
qu’il ne toucherait à aucune de ses possessions
héréditaires. Ivané, se fiant à la parole du roi,
se rendit alors auprès de lui ; il y fut traité avec
honneur et avec de grandes démonstrations
d’amitié.
Mais quand George vit que toute la famille
des Orpélians , qui accourait pour le remercier
de sa générosité, était dans ses filets, il jeta tout
à coup le masque. Ivané fut jeté dans les fers ;
on lui creva les yeux , on le fit eunuque ; tout
le reste de la famille fut enveloppé dans une
proscription universelle; on fit périr tous les
enfants mâles et même les femmes. Les uns fuï'ent
étranglés, les autres noyés ou précipités
d’endroits élevés, et afin qu’il ne restât plus aucune
trace en Géorgie de cette malheureuse
r£;ce proscrite, son nom fut effacé de toutes
les chroniques et de toutes les inscriptions ; la
plus violente excommunication fut prononcée
contre elle , et placée dans les archives du
royaume.
Ainsi allait être effacé de la surface de la terre
l’antique nom des Orpélians, si Libaride, qu’I-
vané avait envoyé demander du secours à Eldigouz
, n’avait échappé au massacre de sa famille,
lui et ses deux fils, Eligoum et Ivané, qui
l’accompagnaient.
Libaride trouva dans Eldigouz un zélé protecteur
, qui lui confia une armée de 60,000
hommes pour aller au secours de son frère.
Mais quand il apprit son infortune, il revint sur
ses pas, en disant : Les chrétiens sont innocents
de ce crime ; pourquoi irai-je les punir ? Libaride
se retira auprès de l’atabek, où il vécut encore
quelque temps, plongé dans la plus profonde
douleur, et il termina ses jours sur une terre
étrangère.
Son fils Eligoum resta aussi auprès de l’atabek;
mais Ivané alla trouver l’émir de Gandja, se
mit à son service et y vécut fort honoré.
Après la mort de George III, l’on vit sa fille
Thamar, faire monter par son génie le trône