kour') était mort : les princes du sang royal se
firent la guerre, et le parti vaincu prit la fuite (1).
Le chef de ce parti, doué d’une extrême audace
, et d’une habileté très-extraordinaire, parvint,
avant de quitter l’empire , à s’emparer des
trésors qu’il emporta avec lui, conduisant sa
troupe à travers le vaste plateau central de l’Asie
jusqu’au nord de la mer Caspienne. Ils en firent
le tour; pénétrant ensuite jusque dans le sein du
Caucase, ces Chinois passèrent la porte ou défilé
de Dariel, et vinrent se présenter au mphé
ou roi de Mtzkhétha, qui était alors fort inquiété
par les Persans.
La joie des Géorgiens fut grande en voyant
arriver cette troupe de braves ; ils leur offrirent
un grand festin , et le roi leur donna pour lieu
de sûreté le fort impénétrable de Orpeth ou
Chamchouildé (2) , qui avait été fondé par
Karthlos, le premier roi de Géorgie. Le chef de
ces nouveaux colons et ses descendants, prirent
le nom de OrpouVkh ou d’Orpélians, en
l’honneur de leur château, et l’on appela Djé-
(*) Voy. la traduction de l’histoire des Orpélians , par
M. Saint-Martin, t. II de ses Mémoires sur l’Arménie,
p. 57 et seq.
(2) Les Géorgiens écrivent Orbisi pour Orpeth. Le nom
de Chamchouild é est composé de deux mots géorgiens,
Cham, trois , chvildè, flèches.
rtêvoulk les autres familles chinoises ou toura-
niennes qui l’accompagnaient.
Une partie de ces Touraniens n’ayant pas
voulu s’éloigner de la capitale, s’était bâti, à
l’ouest de Mtzkhétha, un faubourg fortifié
nommé Sarkhine, ou le château de fer. Nous
avons vu plus haut le siège qu’ils soutinrent
contre l’armée d’Alexandre de Macédoine (1).
Pharnabaze , le premier roi indigène de la
Géorgie, après la mort d’Alexandre et la tyrannie
de ses successeurs, distingua beaucoup
les Orpélians, et l’un d’eux fut son lieutenant-
général (2).
Les Orpélians jouèrent toujours un rôle sous
toutes les dynasties qui occupèrent le trône de
Géorgie; mais à aucune époque, leur gloire ne
fut plus brillante que dans les onzième, douzième
et treizième siècles.
La première mention remarquable des Orpélians
remonte a l’an 1023. Ghiorghi I , fils de
Bagrat III, roi de Géorgie, s’étant révolté ouvertement
contre Basile II, empereur de Constantinople,
qui venait d’hériter du royaume
arménien du Vaspourakan , et qui inspirait de
la méfiance à tous ses voisins, à cause de son
(1) Voy. t. II, p. 3 2 .
(2) Voyez Et. Orpélian, dans Saint-Martin, t. II
p. 6 3 . ’
IV.