Nous n’atteignîmes la vallée du Grand-Térek
qu’à Kobi. Ce village osse, avec une station de
poste et un fortin, est dans le centre du carrefour
où les trois vallées principales des sources
du Térek viennent s’ouvrir dans la grande vallée.
Nous venions de parcourir celle de VOurs-
don ou Petit-Térek, qui a son sommet au col
de la Croix vers le sud.
A l’est, celle de l’Oukhaté-don se glisse en
zig-zag entre les montagnes porphyriques couronnées
de schiste ; son issue est commandée
par un contre-fort et une vieille église qui fait
partie du vieux Kobi (1).
Le Térek proprement dit, débouche de
l’ouest par une large et belle vallée couverte de
champs d’orge, avec des villages et la tour d’O-
krokana en perspective j* le fond de cette vallée
se rétrécit tout à coup et se ramifie en plusieurs
vallons étroits qui comprennent le district osse
de Tourso, dont Kobi fait aussi partie.
Les eaux de ces trois vallées se réunissent à
Kobi et s’écoulent par la grande vallée de Khé-
vi (2), qui ne se ferme qu’au défilé de Darial.
arbres, auxquels ou n’osait toucher sans s’attirer la malédiction
du ciel, qui aveuglait le coupable. La forêt a,
complètement disparu en 1826.
(1) L’église s’appelle Tsmindo-Ghirghi. •
(2) Khévisignifie vallée en géorgien.
Nous passâmes la nuit à Kobi; le lendemain ,
toujours à cheval, nous nous mîmes en route
pour Stêpan-Tzminda ou Kasbek, sans nulle
escorte, tant la sécurité règne dans cette vallée,
que Güldenslàdt, Klaproth, etc., ne traversaient,
il n’y a pas encore longtemps , que rassurés
par la présence de forts détachements.
Le pied des montagnes nues, chaotiquement
déchirées et couronnées de neige, qui encaissent
le Térek naissant, est semé de hameaux, ou
au moins de vieilles tours et d’églises, soigneusement
placés dans tous ces petits recoins qui
regardent le soleil. L’ancien village de Kobi
était lui-même adossé à un haut rocher basaltique
que Reineggs à fait dessiner, et dont les
colonnes sont parfaitement horizontales (1).
Des champs de toutes les nuances de verdure
marquettent les pentes, ainsi exposées au sud, de
la rive gauche du Térek ; c’est un véritable échiquier,
et l’industrie agricole ne cesse dans ce
pays la culture de l’orge et de l’avoine que là où la
nature dit à l’intrépide laboureur ; « Halte, règne
là-bas si tu veux ; mais laisse quelque place
à mes chamois et à mes touris, » C’est, dans
cette saison, un des beaux paysages de l’intérieur
du Caucase.
Les roches à pic de la rive droite, déchirées
(a) Voye? Reineggs-Kaukasus, pl. C, à la p. 286, t. L