des ossements brûlés, des débris de poterie. Je
fis le tour de la corniche du rocher espérant découvrir
des grottes comme en Crimée. Je n’en
vis nulle trace, et le sol était tellement ras et
gazonné qu’on pouvait juger qu’il y avait longtemps
que la main d’extermination pesait sur
ces anciennes demeures des hommes. Je me
dirigeai alors à l’autre extrémité du rocher ,
c’est-à-dire à l’e s t, où le sol se relève doucement
sous la forme d’un immense tumulus
écrasé. J’espérais trouver que ce monticule était
produit par des ruines amoncelées ; je ne pus
m’en assurer, car on n’y voit pas plus de vestiges
qu’à l’autre extrémité. Cependant les deux
entrées avec leurs degrés taillés dans le roc sont
dirigées de ce côté-là,
Des officiers russes ont fait sur ce point quelques
fouilles dont j’ai vu les traces. On y supposait
l’existence d’une vieille chapelle ou d’une
église. On y a trouvé différents objets, entre autres
de petites croix en métal qui prouvent que
l’ancienne population à été chrétienne. Un bouton
eouvert de vert-de-gris, tels que les portent
les Osses et les Tcherkesses sur leurs ceinturons,
était resté oublié parmi ces débris; j ’en ai préjugé
que l’ancienne population de cette forteresse tenait
de près aux races caucasiennes, quoiqu’une
ti’adition , que j ’ai rapportée plus haut, en fasse
un refuge d’une population franque ou européenne.
La forteresse était bien défendue par la nature
, mais elle manquait d’eau. XL fallut circonscrire
le rocher, d’un rempart qui en entoure le
pied, pour pouvoir aller en securité puiser celle
de quelques sources qui jaillissent au dedans du
rempart.
Je recueillis dansi le grès vert de Bargoustan
les mêmes fossiles qu'à Kislavodsk.
La stanitse de Bargoustan est à peu de distance
du rocher, au confluent des quatre principales
rivières qui sont pour ainsi dire les sources
du Podkoumok, VEminouJcça, VEchekakon, le
Podkoumok proprement dit et VOthritoï. Le rocher
de Bargoustan est dans l’angle des deux
premières, l’Eminoukva et l’Echekakon qui se
remplissent au fond de la stanitse.
A Bargoustan , nous prîmes des chevaux de
Cosaques pour atteindre Akhandoukof qui en est
à 20 verst. Cette partie de mon excursion a laissé
chez moi des impressions qui, toutes les fois que
j ’y pense, se renouvellent avec la même vivacité
; car notre légère voiture, remontée sur le
plateau qui sépare le système du Podkoumok,
sur les rives duquel est Akhandoukof, traversait
sans peine les plus magnifiques prairies subalpines
qu’on puisse rêver. Une herbe haute et
touffue, semée de mille fleurs superbes, recouvre,