aussi sur les plus hautes alpes de l’Asie méridionale
et tempérée.
Outre le touri ou bouquetin du Caucase (Capra
ibex de Güld., Capra Caucasica de Schinz),
l’on trouve sur les mêmes montagnes le chamois
(Rupi capra) qui ne diffère guère ni d’habitude
ni de taille de celui de la Suisse, et dont les
cornes sont parfaitement semblables à celles qui
sont l’objet de la curiosité des touristes alpins.
Chez les Géorgiens, le nom du chamois est
psithi,et chez les Dougors ské (1).
Une troisième espèce de chèvre sauvage
grimpe comme le touri et le chamois sur les plus
hautes montagnes, sans cependant craindre les
plateaux inférieurs. Les naturalistes modernes,
dont Schinz est du nombre, la connaissent sous
le nom de Capra oegagrus, dont ils font descendre
l’espèce de nos'chèvres domestiques (a).
Elle ressemble parfaitement à la chèvre domestique,
excepté peut-être qu’elle est plus
grande; ses cornes sont très-longues, dressées
sur son front, recourbées en arrière : elles n’ont
sur le devant qu’une arête longitudinale sans
noeud; elles forment un renflement sur les côtés,
et présentent une seconde arête moins saillante
par derrière.
(1) Klaproth, Voyage, t. II, p. 186 et 286.
(2) Nouv. Mém. de la Soc. Helvétique, II, p. 6.
Elle se plaît tlans les lieux les plus élevés,
que ses formes si légères, si nerveuses, si dégagées
lui permettent d’atteindre.
C’est plus particulièrement dans l’estomac de
cette espèce de chèvre que se trouve le bézoar,
ce qui lui a fait donner son nom allemand (1).
Sa chair, très-délicate, est recherchée, et on
nous en servait sur notre table à Erivan comme
un mets d’honneur.
Güldenstadt dit que les Géorgiens, en général,
l’appellent bodcha, et que cette chèvre sauvage
errait en Somkheth, avec les chamois, sur les
plateaux et dans les rochers qui entourent Birt-
vissi et Chamechouïldé ; c’est là que MM. Ritt-
mann et Gonzenbach, de St.-Gall, allaient leur
faire la chasse. La localité que leur assigne le savant
voyageur, prouve qu’il n’est pas question
ici du touri, qui ne se montre jamais si bas (2).
J’ai dit (3) que cette chèvre était commune sur
l’Ararat, et sur toutes les montagnes de l’Arménie.
M. Schinz l’indique encore sur les sommets
inhabités de Laar et du Khorasan en Perse, et
même sur toutes les chaînes de montagnes de
l’Asie presque sans exception (4).
(1 ) Bezoarziege, chèvre du bézoar.
(2) Güldenstadt, Reùen, p. 122, édit. de 18i 5.
(3) Voyez plus haut, t. III, p. 4y4-
(4) Schinz, mémoire cité, p. 6 et 10.