leurs troupeaux qui constituent leur vraie fortune.
Chez les Osses, il n’y a donc m négociants, ni
gens de métiers. Chacun vend lui-même le fruit
de son travail ou en chargé son voisin, ou il le
troque contre des objets nécessaires à l’existence
de sa famille.
Dans leurs rapports avec l’administration
russe, les Osses se divisent : i° en sujets libres
et indépendants ; 2° en sujets directs du gouvernement;
3° en sujets des propriétaires, tant em-
tafs que matchabel.
Cette division n’est pour ainsi dire que nominale,
et nulle part il n’existe une administration
réelle, basée sur l’exigence des devoirs sociaux.
La première de ces classes, qui a établi par
la force son droit et son privilège à une liberté
effrénée, n’a conservé d’autre frein que les
liens de famille. Ni dans les villages, ni dans les
vallées, il n’existe d’autre pouvoir établi, d’autre
tribunal. Ainsi tout homme qui est en état de
porter un fusil se croit, par le fait, jouissant
d’une pleine indépendance, et le sang .se punit
par le sang. La plupart des Osses qui n’ont jamais
quitté leurs montagnes, n’ont pas une meilleure
idée des devoirs et des liens d’une société
civile.
Ceux des Osses qu’on appelle sujets directs du
gouvernement, paient un tribut de peu d’importance,
usage qui dérive de leur ancienne dépendance
du Karthli; ils ont comme tels un
mcturave, qui jouit de fort peu d’autorités
La dépendance des sujets de propriétaires,
dans les vallées qui font partie du district de
Gori, vient aussi d’ancienne date; elle remonte à
l’époque où les Géorgiens avaient soumis la plus
gr ande partie des vallées des Osses. Aujourd’hui
que tous ces rapports et ces anciens liens sont
très-relâchés , leur seule sujétion consiste à
payer un léger tribut en moutons et en autres
denrées; ceux qui habitent tout au fond des vallées
les plus reculées, s’y sont même entièrement
soustraits et n’obéissent à personne.
Caractère de ce peuple ; ses penchants ; son industrie.
Quels peuvent être le caractère et l’industrie
d’une société pareillement constituée, et dont
un désir effréné de liberté et d’indépendance
est la base? La rapine et le brigandage en seront
la principale occupation. L’hospitalité chez eux
est sacrée, mais l’étranger n’est point en sécurité
dans la maison de son hôte, et si, après
l’avoir hébergé, il peut le surprendre avec son
escorte, le piller, le tuer même, il s’en fait un
sujet de gloire. Aussi l’Osse passe-t-il pour être