ce malheureux pays, et de le dévaster entièrement.
Ils arrivèrent pendant la récolte, en suivant
le cours de l’Araxe , ravagèrent la contrée
qu’ils mirent à feu et à sang, et firent beaucoup
de prisonniers qu’ils vendirent aux Turcs.
La famine avec toutes ses horreurs s’empara
du Karabagh, dont les habitants étaient obligés
de se repaître d’herbes. Cette nourriture enfla
les entrailles des hommes ; leurs corps devenaient
noirs, ils tombaient morts comme frappés
d’apoplexie ; l’excès de la famine força beaucoup
d’habitants du pays à s’expatrier ; à peine
resta-t-il un tiers de ces malheureux.
Sur ces entrefaites, l’eunuque Agha-Mahomed
revint avec une forte armée pour assiéger Choucha
pour la troisième fois. Ibrahim voyant la
famine et la ruine du pays, se sauva et chercha
un asyle chez Omaï, khan des Lesghis.
Choucha, pris par l’eunuque Chah, fut livré
au pillage; les riches furent dépouillés de tout
ce qu’ils possédaient. Le chah y resta 25 jours
à se repaître de vengeances Mais elles le
surprirent aussi, car, au bout de ce temps, il
fut assassiné lui-même par un de ses domestiques.
Mammad-Beg, l’un des affidés d’Ibrahim,
s’empara alors du gouvernement du Karabagh
pour son maître, qui, deux mois après, rentra
dans sa capitale.
Gandjah et soq khanat, dépendances de la
Perse, ayant été pris par lés Russes, en 18o4 ,
et Djavat-Khan ayant été tué, Ibrahim qui se
sentait trop faible , trop isolé pour résister à un
puissant empire, se rendit, en i 8o5, à l’armée
du général Tsitsianof , campée au bord du
Kourak-tchaï, et suppli a le général de recevoir
le Karabagh sous la protection de la Russie.
Le i 4 mai de cette année, le traité fut signé.
Ibrahim renonça à la suzeraineté de la Perse,
pour reconnaître celle de la Russie, promettant
de payer tous les ans un tribut de 8,ooo ducats.
Après quoi, une partie de l’armée russe prit possession
de la forteresse de Choucha. lhrahim,
peu de temps après, fut fait général-lieutenant.
Ibrahim ne resta pas longtemps fidèle ; déjà
en 1806, il entra en liaisons secrètes avec les
Persans, auxquels il promit de rendre la forteresse
de Choucha. Le major Lissanévitche, commandant
de la forteresse, s’étant assuré de la
trahison, se rendit, accompagné de quelques
braves soldats, auprès d’Ibrahim qui campait à
quelque distance de Choucha , et le fit tailler en
pièces, lui et tousses affidés.
Lissanévitch , rentré dans Choucha, fit rassembler
un divan et proclamer pour khan le fils
aîné d’Ibrahim, Mekhti-Kouli.
Mekhti-Kouli s’étant sauvé en Perse en 1822,
le Karabagh fut définitivement réuni à la Russie.