çà et là, sans ordre, sur tous les accidents du
terrain. Presque toutes ont un coin de jardin,
de verger ou de vigne ; celle-ci se cultive sur
échalas.
Le haut de la ville est dominé par trois bâli-
ments ; le plus grand au milieu est destiné aux
autorités du district de Signaghi; le commandant
du district demeure dans la jolie maison
qui est a droite, et on loge dans celle qui est à
gauche, les officiers et employés publics qui ne
font que passer par cette ville pour affaires. C’est
là qu’on nous offrit un logement.
Derrière ce premier plan, se déroule toute
l’immense vallée de l’Alazan ou Cakheth, d’une
fertilité digne de l’Iméreth. Quelques bois ressortent
par leur teinte plus foncée sur le tapis
clair de la vallée, au milieu de laquelle on voit
briller l’Alazan, qui serpente comme le Méandre
lé long des bois.
Et dpns le fond, pour horizon du paysage, se
présente la chaîne caucasienne d’un gris bleuâtre,
qui sépare le Cakheth de Derbend et du reste du
Daghestan. Les cimes (le mai) sont encore
marquées de franges de neige brillante et surmontées
de nuages blancs arrondis. Dans cette
chaîne, s’ouvrent les vallées de Biélokany et du
* Djar, avec la forteresse nouvelle de Zakatali.
Le district dont Signaghi est la capitale, comprend
la moitié inférieure du Cakheth, avec une
population de 43,000 habitants. La plupart sont
Géorgiens et du nombre de ces colons que les
rois de Géorgie ont transportés des vallées du
Somkheth sur les bords de l’Alazan. Signaghi
compte 3,200 habitants, dont 2,85i sont Arméniens.
La moitié supérieure de la vallée de l’Alazan
comprend le district de Télav avec 47,000 habitants,
dont 3,272 forment la population du
chef-lieu.
Tout le Cakheth produit du froment, nourriture
principale des habitants, et quelque peu de
millet ; mais la richesse essentielle de ce pays,
est la vigne. Il produit bien plus des deux
tiers des 60,000,000 de pintes de vin qui forment
le revenu annuel de la Géorgie.
Déjà Strabon parle de cette extrême abondance
dans son tableau de l’Ibérie, quand, décrivant
les vallées de XAragus et de YAlazo-
mus, il dit : « Les vignes y demeurent non
couvertes (atrxacpoç) (1) ; on ne les taille que tous
les cinq ans ; les nouveaux plants rapportent déjà
du fruit la deuxième année, et quand ils ont atteint
toute leur crue, ils produisent tant de raisins
, qu’on est obligé d’en laisser une partie
pourrir sur les ceps. » Rien n’a changé depuis
Strabon, et l’abondance n’a pas diminué.
(1) Aa*a<poç pourrait s’entendre aussi par non labourées.
Strabo, lib. X I, p. 4 8 a.