rien resté, et les habitants d’Hélénendorf n’ont
trouvé en rentrant au village que leurs huttes
vides et la terre nue.
Le gouvernement fut généreux, et avança l’argent
nécessaire pour racheter les objets de première
nécessité : on crut d’abord que c’était un
cadeau ; il n’en était rien, Il redemande maintenant
le remboursement de ces avances, qui,
jointes a celles faites lors de la fondation du vil-
pèsent d’un poids énorme sur les colons
découragés. On leur a donné trois ans pour acquitter
cette dette ; il y a impossibilité physique
et morale pour que la chose s’accomplisse. Joignez
aux malheurs de ces pauvres gens une peste
qui a ravagé le village pendant la guerre de Perse,
et qui a nécessité l’anéantissement d’un grand
nombre de leurs effets. Après cette peste, une
fièvre typhoïde contagieuse qui a enlevé en un
mois habitants du village, suivie du choléra,
a mis le comble aux misères de la colonie.
Le nombre des bras a diminué considérablement,
mais la dette est toujours la même : elle
augmente tous les ans ; le découragement s’est
emparé des laborieux colons, qui ne voient point
de fin à leurs malheurs. Comment veut-on qu’ils
aient le courage de tenter des essais. Ces changements
de culture et d’industrie demandent du
temps, de la patience, de la persévérance, des
sacrifices, et ce n’est pas chez un homme étouffé
sous le poids d’une dette qu’il faut les chercher.
Tel est l’état des choses à Hélénendorf. N’y
aurait-il pas moyen d’y apporter un remède,
prompt et efficace ? La couronne ne pourrait-elle
pas faire le sacrifice d’une partie de la dette, ou
tout au moins des avances qui ont été faites après
la guerre de Perse, en 1826? Ne pourrait-elle pas
donner de plus longs termes pour l’acquittement
du reste ?
Ne devrait-elle pas encourager ceux qui feraient
de nouveaux essais de culture, leur fournir
les semences nécessaires , des notes instructives
? Le gouvernement désire introduire dans
ses provinces, et favoriser de tous ses moyens
les nouvelles cultures de la garance, du coton à
longue soie, de l’indigo, de la soie, etc. Quelle
plus belle occasion peut lui être offerte que celle
de commencer par les colonies, et surtout par
Hélénendorf, qui se trouve dans une position à
ne désirer rien de mieux; il donnerait le bon
exemple au reste des habitants du pays, aux Arméniens
et surtout aux Tatares , les gens les plus
durs et; les plus têtus, lorsqu’il s’agit d’adopter
des changements utiles, et surtout des innovations
de culture.
La population d’Hélénendorf est wurtember-
geoise ou suisse; elle est toute protestante, et
l’institut des missions de Bàle lui fournit ses pasteurs
, ainsi qu’aux autres colonies,