Le château lui-même, aujourd’hui abandonné*
est une masse irrégulière de quelques tours et
d’autres édifices. Reineggs prétend qu’autour
de ses murs, sur les terres-pleins du rocher, il
y avait assez de place pour y cultiver le grain et
le foin nécessaires à une garnison de mille hommes
: c’est une exagération un peu forte.
Cette construction rappelle parfaitement celles
d’Atskour, de Khertvis, d’Akhaltsikhé, de Routais,
etc., et date sans doute de la même époque,
c’est-à-dire des onzième et douzième siècles, époque
de la haute puissance des rois d’Abkhasie et
de Géorgie, qui dans ce temps régnaient sur
tout le Caucase et sur les nations qui l’habitent.
Cette opinion que j’ai émise seulement d’après
le style d’architecture de cet édifice, s’accorde
parfaitement avec l’histoire, qui attribue
le dernier renouvellement de ce château à David
III le réparateur, qui régna 1089 à 1126.
Il ne fit que profiter des plus anciennes constructions
que les Géorgiens attribuent à leur roi
Mirvan, qui régnait i 4o ans avant J.-C., et qui
en revenant de battre les Dourdsoukes (1), leur
ferma le passage à travers la grande vallée du
Caucase, en y murant avec des pierres et de la
chaux une porte qui barrait le défilé (2). Il est
(1) Ce sont les Mitsdchéghi d’aujourd’hui.
(2) Voyez plus h au t, t. II, p. 43-
possible que, comme dans les autres forteresses*
on y trouverait quelque inscription qui éclaircirait
les doutes historiques, car peu de localités
ont prêté à la légende , aux fables et à la tradition,
comme ce défilé , si pénible à traverser,
quand on n’a à lutter qué contre la nature, et qui
devient si effrayant, quand il faut vaincré en
outre les obstacles qu’ÿ soulève la main des
hommes barbares et méfiants, si rarement nos
amis.
Strabon connaît ce défilé, et le cite comme
l’Un des quatre qui menaient dans l’ ibérie.
« L enlree, dit-il , de l’ibérie, en Venant de
chez les nomades du septentrion , est aussi difficile
qüe celle qui vient de la Colchide, dans
un trajet de trois jours. Ensuite, les défilés
d une rivierë vous menéttt, au bout de quatre
jours * sur les bords de l’Aràgô (Aragvi), et là,
une muraille inexpugnable adossée à un château
ferme l’extrémité dë ce chemin (4). $
Pline, VI, ch. I I , est plus clair que Strabon.
«Chez eux (c ’est-à-dire chez les Didouriet les
Sodji, peuples d’Ibérie), sont les portes Caucasiennes
,*jue beaucoup d’autres, par une erreur
manifeste , appellent portes CaSpiennes. Entre
des montagnes qui s’écartent brusquement , la
nature s’est créé, par un effort inoui, un passage