J'ai raconté plus haut que George ne se contenta
pas de cette régence, et qu’à force de flatteries
et de promesses, il engagea lès grands du
royaume et même Ivané Orpélian, à le faire sacrer
roi , jusqu’à la majorité de son neveu, promettant
de lui céder alors la place.
Ge prince, aussi prudent que vaillant, fut la
terreur des ennemis de la Géorgie ; Ivané commanda
sous lu i, et obtint, pour récompense de
ses exploits, la ville d’Ani avec la province de
Chirag. Dans une autre occasion, Ivané mit en
fuite le grand atabek de l’Aderbaidjan, le célèbre
Eldigouz, qui s’avancait à la tête dé cent
mille combattants pour ravager la Géorgie (1).
Mais l’époque de la majorité de Temna approchait,
et George était toujours moins disposé à
descendre du trône en sa faveur. Les grands
du royaume et Ivané à leur tête, convaincus
qu’il n’y aurait que la force qui pût le contraindre
à accomplir sa promesse, s’unirent dans
ce b u t, se proposant de faire jurer à George
obéissance à son neveu, et de le confiner dans
son propre héritage.
George fut instruit du projet par ses enfants,
et il se sauva à toute bride à Tiflis, pendant que
les grands de Géorgie, commandés par Ivané,
(1) Etienne Orpélian est le seul qui parle de cette victoire
d’Ivané sur Eldigouz , II , 8 5 .
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rassemblaient une armée pour marcher contre
lui. Les plus beaux noms du royaume brillaient
dans cette coalition.
George était poussé à la dernière extrémité ;
abandonné de tout le monde et n’ayant que
5,000 hommes pour se défendre, il aurait succombé
s’il n’avait su tirer la guerre en longueur
et semer la jalousie parmi les confédérés.
Le grand Gamrakel fut le premier à déserter
leur parti, pour passer secrètement auprès du
roi. D’autres l’imitèrent ; George comblait
d’honneurs ceux qui venaient le joindre, les
traitait magnifiquement, et leur promettait toutes
les possessions et les trésors des Orpélians,
et le parti de Temna se trouva bientôt extrêmement
affaibli. Quand le roi se sentit en force,
il prit l’offensive à son tour, avec un grand attirail
de guerre , et Ivané n’eut que le temps
d’envoyer ce qu’il avait de plus précieux dans
le fort de Chamchouïldé, où était déjà le trésor
de ses ancêtres, renfermé dans de grands Coffres.
Il en confia la défense à un corps d’élite,
et se fortifia lui-même avec Temna dans Lorhi,
au sein des hautes vallées du Somkheth ; il dépêcha
son frère auprès de l’atabek Eldigouz,
pour en obtenir du secours.
George assiégea d’abord Chamchouïldé, qu’il
prit au bout de 25 jours ; il en passa la garnison
au fil de l’épée, fit un immense butin des trésors 1Y. 12