beurre allemand ; les Arméniens préfèrent le
mauvais beurre ta tare qui èst meilleur marché,
et les Tatares ne mangent pas celui qui est fabriqué
par les chrétiens. Au reste, celui que l’on
fait à Hélénendorf suffit à peine pour la consommation
de la colonie.
On conçoit fort bien, d’après ce que je viens
de dire, que le commerce des bestiaux ne peut
jamais entrer en ligne de compte parmi les revenus
du village. D’ailleurs, comment lutter
contre les prix des Tatares nomades dont toute
la richesse ne consiste qu’en bestiaux qu’ils élèvent
pour les vendre. Ils peuvent les céder à
si bas prix , que personne ne peut trouver de
profit à exercer cette branche d’économie à côté
d’eux.
Les colons Cultivent principalement du froment
; ils sèment du seigle pour la fabrication
de l’eau-de-vie, ainsi que de l’orge; ils n’ont
presque point d’avoine.
En résumé, d’après le tableau que je viens de
faire, il faudrait donc que le village d’Hélénen-
dorf trouvât d’autres sources d’industrie, d’autres
branches d’exploitation, en tâchant de produire
des objets d’exportation ; tant pour là
Russie que pour l’étranger. Grâces aux soins,
aux bons conseils de M. Hohenacker, les colons
ont commencé à sentir cette nécessité. M. Ho-“-
henacker leur a procuré de la graine de krapp
Ou garance, avec laquelle plusieurs habitants
ont fait des essais qui ont parfaitement réussi ;
voici la deuxième année de pousse et la vigueur
de la plante fait plaisir à voir.
Mais ce n’est qu’un essai ; combien d’années
s’écouleront avant que cette culture devienne
générale ; d’ailleurs , c’est une de celles qui exigent
le plus de patience , et trois ou quatre années
d’attente sont bien longues pour celui qui
doit vivre au jour le jour.
Le village a considérablement augmenté l’étendue
de ses vergers ; mais Elisabethpol est si
riche en fruits, que jamais les colons n’y trouveront
un écoulement 11 en est de même des
pommes de terre.
Les fruits secs peuvent seuls devenir un jour
¡une source de prospérité pour Hélénendorf; il
faudrait avoir les fruits qui entrent dans ce commerce,
et jusqu’à présent on n’y a cultivé que
des fruits ordinaires. M. de Steven, dont la philantropie
ne se restreint pas seulement sur l’un
des côtés du Caucase, a eu la bonté d’envoyer
quelques jeunes arbres du pruneau à sécher,
ainsi que quelques plants d’oliviers. Ceux-ci ont
péri malheureusement ; par contre, les pruneaux
ont parfaitement réussi ; on peut espérer avoir
déjà quelques fruits cette année i 834, et ces premiers
plants ont fourni des greffes pour plusieurs
autres pieds. On peut espérer que ces pruneaux