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adoptant les traditions des Arméniens , iis virent
aussi dans Nakhtchévan la ville de Noé, et crurent
à son antique tombeau qu’ils reconstruisirent
dans le style de leurs édifices, qui firent appeler
Nakhtchévan par les Persans la peinture
du monde (1). On prétend même qu’ils firent
bâtir, en l’honneur du patriarche, cette vaste et
superbe mosquée, jadis la plus grande de Nakhtchévan,
dont on voit encore les grandes ruines
entre la Tour des Khans et le tombeau de Noé :
elle était en briques et richement décorée d’inscriptions
et d’arabesques en relief (2).
Nakhtchévan est la capitale d’un khanat dont
l’étendue peut être de 3,3oo verst carrés ou 200
lieues de France environ. Sa population en i 834
se montait à 3o,323 habitants, dont 16,004
hommes et 14^19 femmes, répartis dans une
ville, celle de Nakhtchévan , et dans 178 villages
renfermant 6,499 ^eux 011 maisons : ce qui donnerait
i 5i-habitants par lieue carrée de France
ou 464 par mille carré d’Allemagne.
Ourdabad qui forme aussi un petit khanat particulier,
sur 1,200 verst carrés ou 75 lieues
Carrées de France, compte n , 34i habitants,
(1) L. Géographe persan Hamd’ouUah Kazwing, cité
par S.-Martin, I, i32.
(2) lndshidshjan, Géogr. de F Arménie en armén., citée
par E. A. Hermann, Der (ehemals) zu Persian gehörende
'¡ lieil Gross Armeniens, p. 26.
savoir: 5,85i hommes et 5,490 femmes, répartis
dans la ville d’Ourdabad et dans 52 villages qui
renferment en tout 2,392 feux. Ceci donnerait
i 5i habitants par lieue carrée, et 4 I par feu
ou maison (1).
Les deux Ararats, dont le petit se dessine sur
le fond du grand, sont le baromètre de Nakhtchévan.
Quand ils sont couverts de brouillards,
on aura du mauvais temps : leurs cimes dégagées
de nuages annoncent le beau temps.’ Les
matinées sont fraîches, il souffle un vent froid;
pendant la journée, la chaleur est accablante; et,
le soir, le vent glacé recommence. Ce sont les
observations des habitants que je crois exactes ; à
l’époque où j ’y étais, partout des cimes couvertes
de neige entouraient Nakhtchévan.
Accueilli de la maniéré la plus aimable par
M. Beïanbegof, alors caissier de la couronne, je
passai deux jours a visiter la ville et les environs,
et le 26, nous partîmes pour les rapides de l’A-
raxe, En passant par la ville, on me montra à
côté du chemin une pierre noire polie par les baisers
et les genoux de nombreux dévots; elle sert
aux prières ferventes des habitants de Nakhtchévan
: c’est peut-être un aérolithe. Il m’aurait été
facile de m’en assurer d’un coup de marteau,
( 1) Ces tableaux de population sont les résultats du der*
nier recensement officiel.