bien en-deçà. Nous avons de la poudre d’or et
d’argent autant que d’eau. J’ai conquis les peuples
du Caucase et subjugué les quatre royaumes.
Fidèle à mes habitudes, j ’ai enlevé la soeur du
prince de Karthli 5 il m’a prévenu et trompe par
un serment et s’est chargé de mes péchés. Bah-
qathar fut jeté à l’eau et l’armée des Osses massacrée.
Vous qui lisez ces lignes accordez-moi
quelques prières. »
Au-delà des Osses , les passages du pied de
l’Elbrous étaient fermés par d’autres murailles et
remparts dont l’un appartient à la vallée des
Troglodytes, aujourd’hui vallée de Kislavodsk
ou des eaux acidulées (1), l’autre était sur la
Kouma. Enfin le dernier tronçon, à l’instar de
celui de Derbend, fermait le défilé maritime de
Gagra que j ’ai décrit plus haut (2). La muraille
de Kélassour défendait seulement la république
grecque de Dioscourias contre les montagnards
du Caucase (3).
Je crois avoir résumé, autant qu’il a été en
mon pouvoir , le système general des communications
du Caucase et des lignes fortifiées
qui gardèrent les peuples du midi contre les
nomades du nord ; je ne répéterai pas ce que j ai
(1) Voyez t. I de mon Voyage, p. 3 2 5 .
(2) ld ., p. 209 et suiv.
(3) Id . , p. 309 et suiv.
dit dans la partie historique de la garde de ces
passages par les Persans et par les Romains.
Quant à l’histoire de madame la princesse
Daria en particulier, qui pillait les passans et qui
jetait ceux de ses amants qui lui déplaisaient tout
droit dans le Térek comme du haut de la roche
Tarpéienne , on peut la mettre au nombre des
fabliaux du règne de Charlemagne. Il n’y a rien
dans les chroniques géorgiennes qui vienne à
l’appui de ce conte. D’ailleurs je trouve fort peu
de goût à madame la princesse d’être venue se
jucher dans ce nid d’aigle pour s’amuser (1).
Darial est non-seulement une porte fermée
pour l’ennemi, le Hun qui voulait penetrer dans
la grande vallée du Caucase, mais c est encore
là que s’arrête toute végétation sur les pentes des
montagnes. Elles sont d’une nudité complète
dans la vallée du Térek ; ce n’est qu’au défilé
même qu’on commence à entrevoir dans les crevasses
des rochers pourfendus et menaçant ruine
de toutes parts , quelques pins rabougris.
Mais bientôt la nature se ranime, et déjà à
Lars, à 700 pieds plus bas et à 6 ‘ verst de Darial,
elle a repris tous ses droits. Bientôt les arbres
de haute futaie se mêlent aux pins et aux
genévriers ; petit à petit ils prennent le dessus
(1 ) Gamba, Voyage dans la Russie méridionale, t. I I ,
page 21.
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