les poursuivre et alla assiéger Arzeroum, dont
les habitants se défendirent en désespérés. Ca—
tacalon, averti du danger de cette ville, se pressait,
s’agitait pour qu’on volât à son secours,
Aaron s’y opposa, s’en tenant à la lettre des
ordres de l’empereur.
Ibrahim profita de l’hésitation des généraux,
et dédaignant le butin , il ordonna de mettre le
feu à la ville. L’incendie fut immense, les habitants
ne pouvant résister à un pareil désastre ,
prirent le parti de la fuite ; mais les Seldjouki-
des les attendaient, et par l’ordre d’Ibrahim ,.
ils en passèrent 140,000 au fil de l’épée.
Contents de leur victoire , ils songèrent alors
à chercher l’armée romaine. Celle-ci, quittant
enfin ses rochers, s’était mise en marche, ayant
été rejointe par Libaride, qui amenait 700 nobles
des plus distingués, 16,000 combattants,
la plupart de sa souveraineté , et 10,000 Arméniens,
Les Grecs étaient au nombre de
15,ooo hommes, ce qui portait le chiffre de
celte armée à 4C 000 hommes (1), Elle rencontra
Ibrahim dans la plaine de Vanant, près
(1) Ibn Alathir dit 5o,ooo Romains et Abkhases ;
(Saint-Martin, t. II, p. 215), que la majeure partie des
troupes géorgiennes était composée de sujets de Libaride,
se lit dans Cédrenus et dans Etienne Orpélian , Mém. de
Saint-Martin, t. II, p. 69 et 2o5.
du fort de Kapétrou (1). C’était la nuit du vendredi
au samedi 18 septembre io 4g : les Seld-
joukides tombèrent tout à coup sur le camp des
Romains.
Catacalon demanda aussitôt à combattre.
Libaride Orpélian lui répondit que les Géorgiens
n’avaient pas coutume de livrer bataille
un samedi. Mais Tchordovanel, neveu de Libaride
, auquel il avait confié la garde du camp,
n’avait pas écouté le préjugé, et s’était précipité
au milieu de la nuit sur les ennemis. Son courage
le faisait triompher, quand il fut percé
d’une flèche à la gorge et expira sur le champ
de bataille.
Libaride , à la nouvelle de sa mort, ne respirant
que vengeance, se décida pour le combat.
Catacalon se porta à l’aile droite, Aaron à la
gauche, Libaride au centre. La fureur lui fit
oublier la prudence. Sans remarquer que les
deux autres généraux, fort occupés, restaient
en arrière et ne pouvaient le soutenir, il se rua
sur les Seldjoukides, en les chassant devant lui.
Peut-être les généraux romains, jaloux de sa
gloire, virent-ils cette témérité avec plaisir (2).
Les infidèles, revenus de leur terreur, et re-
(1) Gaboudhrou, canton d’Ardchovid.
(2) Cela est difficile à croire. Voy. Mathieu d’Edesse,
dans Saint-Martin, t. II, p. 2i3.