dans ce que j ’ai cité de cette chronique au second
volume; mais il est un fait spécial, rapporté
aussi par ces mêmes chroniques, qui a une tout
autre importance : c’est ce qui arriva lors de la
grande invasion des Scythes en Asie. Voici le
récit de cet événement et ses suites.
Les Khasares (c’est ainsi que les Géorgiens
appellent les Scythes) étaient devenus très-
puissants au nord du Caucase, et ils faisaient la
guerre aux descendants de Lékos et aux Caucasiens.
Dourdsourk, fils de Tirèthi, qui régnait
alors sur les Caucasiens (Kavkas), demanda
du secours aux Thargamosiens (les Géorgiens
et Arméniens) qui, traversant le Caucase,
pillèrent les contrées voisines du Kasarèthi (la
Scythie), y fondèrent une ville et s’en retournèrent.
Les Khasares se choisissant alors un ro i, auquel
ils obéirent tous (1), passèrent par la porte
de la mer (Derbend), et tombèrent sur les
Thargamosiens qui ne purent leur résister : la
multitude de ces Scythes ou Khasares était innombrable
; ils pillèrent et ruinèrent toutes les
villes qu’ils rencontrèrent, tant celles qui sont
entre 1’Ararat et le Massissi, que celles qui sont
plus au nord. Il ne resta d’intact que Toukha-
(i) Hérodote, 1. 1, ch. io 3 , l’appelle Madyès, fils dePro-
tothyès.
rissi, Chamechvildé, Kounani, le Kharthli
moyen et l’Egrissi ou Colchide (i).
Comme je l’ai déjà dit, ce passage des chroniques
géorgiennes confirme pleinement Hérodote
quand il fait passer les Scythes le long de
la mer Caspienne, et assure qu’ils ne touchèrent
point à la Colchide (2). Mais aussi il explique
ce que je viens de rapporter de la prophétie
du prophète Ezéchiel quand il dit : Gog ,
au pays de Magog, prince des chefs de Mésekh
et de Tubal.
Je continue à extraire la chronique : ces
Khasares, outre le passage de Derbend, connaissaient
aussi la porte de l’Aragvi ou Darial, et
leurs troupes nombreuses ne cessèrent de
fondre par ces deux grandes routes du Caucase
sur les Thargamosiens qui leur payèrent enfin
tribut.
Lorsque le roi des Khasares tomba pour la
première fois sur les pays au sud du Caucase et
les ravagea, il donna, en s’en retournant au-
dela de ses montagnes, les prisonniers qu’il
avait faits dans le Karthli-Somkhithi à son fils
Ouobos, avec le pays qui s’étend à l’ouest du
Térek, jusqu’à l’extrémité du Caucase. La des-
(1) Tome II de mon Voyage, p. 26.
(2) Hérodote, 1. I , ch. io 3 . On dirait que l’auteur grec
et l’auteur géorgien ont puisé aux mêmes sources.