ponts et chaussée exécutés avec tant de peine à
travers le Caucase, tout fut entraîné; il n’en
resta pas trace, et le pays autour de Kislar fut
submergé.
De pareils événements ont eu lieu au mois
d’août 1808; puis le 27 octobre 1817, époque
à laquelle l’avalanche couvrit une étendue de
3 verst de long et de 5oo toises de haut (1).
M. le chevalier Gamba en vit encore les débris
en mai 1820. Pendant deux ans, la route fut
impraticable aux voitures.
La dernière avalanche eut lieu en i 833.
Au-delà de cette coulisse des avalanches, l’on
voit reparaître le Térek qui se précipite en bouillonnant
sur des blocs énormes et contre les rocs
formidables de protogyne dans lesquels on a
taillé une partie du chemin. Le mugissement
sauvage du Térek ajoute encore à la sévérité du
paysage; mais il n’approche pas de celui de
l’Araxe, entre Ourdabad etNougadi : l’Araxeest
un fleuve ; le Térek n’est qu’un torrent. La chute
du Térek, de Kasbek au Defdaroki ou Tsakh-
don est de 5 /j_7 pieds, soit 3 | sur 100. Du
Defdaroki à Darial, elle est de g35 pieds, soit
de 5 fpour 100. Chacune de ces distances est
de 5 verst ou une lieue un quart de France.
(1 ) Klaproth, Voyage, I, p. 466. Gamba met 2 verst au
lieu de 3.
La vallée très-étroite par elle-même, se rétrécit
de plus en plus à mesure qu’on approche de
Darial. Les parois menaçantes des rochers surplombent
la route; et dans le défilé, qui ressemble
à une fente formidable dans les granités pro-
togynes, il ne reste de place que pour le Térek,
et il a fallu sans cesse lui disputer le terrain sur
lequel on a établi le chemin ; on est même parvenu
à se ménager une petite place fort étroite
sur laquelle on a construit quelques méchantes
baraques pour la garnison qui garde le passage.
En face du poste, s’élève à 3oo pieds et plus
au-dessus du Térek le château de Darial, perché
sur un rocher à pic détaché comme un ballon
de la paroi principale. On l’aborde par une
pente escarpée, fermée par une muraille (1). Le
fondateur de cette importante citadelle avait
songé à y amener l’eau nécessaire par un aqueduc
taillé dans le protogyne et dans la serpentine.
Comme cette eau pouvait manquer, il y
pourvut en faisant murer en briques cuites un
chemin souterrain et voûté, ruiné maintenant,
qui mettait a couvert de toute atteinte ceux qui
venaient puiser l’eau du Térek (2).
(1) Voyez ün beau dessin de Darial, dans le Voyage de
Ker-Porter. '
(2) Reineggs donne à ce chemin une hauteur de 680
pieds jusqu’au Térek, je crois que c’est trop.
IV