M. de Stéven mit un quart d’heure pour escalader
la montagne. « L’église, dit-il, est entière*
ïmais tout est ruine autour et recouvert d’arbres.
Au milieu de l’église, contre la coutume grecque,
se trouve un grand autel, dans une nicihè
duquel on a peint saint Jean o 3-éoloyog, cominé
cela se lit à côté, en grec. Je n’ai pas vu d’autrè
inscription dans l’église. L’àutel, à l’est, était
éouvert d’une étoffe de coton, ce qui signifiait
qu’on y célébrait encore le service divin.
« Les colonnes, à l’entrée de l’église, sont ornées
de chapiteaux, décorés de feuilles unies et
non frisées comme là feuille d’acanthe de l’ordre
corinthien.
« En dehors, cm a aussi sculpté différents ornements
et quelques figures de saints, parmi
lesquelles on remarque un homme bénissant un
enfant, avec une inscription géorgienne (1).
« Les Géorgiens sèchent leurs Rhus cotinus
dans les chambres et dans les tours qui encei-
gnent l’église.
(1) M. Brosset, pl. X i, n° 43 , èt page i68 de éon Mémoire,
n’a pu tirer de cette inscription que le nom de
Stéphanos, qu’il croit patriarche de Karthli : je lirais
plutôt Stéphanos, patrice de Karthli, ce qui s’accorderait
parfaitement avec la le'gende, qui homme pour fondateur
de l’église un Stéphanos, fils de Gouram, qui pouvait bien
avoir reçu le titre de patrice, comme son père celui de
couropalate.
%. Du haut de cette montagne, ôn jouit d’une
Superbe vue. On a devant soi le vallon étroit
dans lequel coule le Kour, et l’on suit son eau
trouble jusqu’à son confluent avec l’Aragvi, dont
les eaux verdâtres arrivent au Kour par nombre
de bras séparés. A droite, les yeux suivent assez
loin, et en le remontant* le cours de l’Aragvi;
Son vallon est beaucoup plus large que celui du
Kour ; mais les montagnes qui l’encaissent sont
aussi escarpées et aussi sauvages. Nulle part
l’oeil ne rencontre de contrée cultivée, de riants
tapis de verdure. Dans le coin même où confluent
le Kour et l’Aragvi, s’étend l’antique et
majestueuse église de Mtzkhélha ; un peu plus
loin, l’ancien couvent de Samthavro* et au-dessus
, sur un rocher encore plus éloigné * et à pic
sur l’Aragvi * les ruines de la forteresse de Nat-
sikhvari. Un mille plus haut, en remontant
l’Aragvi, s’ouvre le vallon de Moukran, bordé,
en bas, par des forêts, et en haut, par de hautes
montagnes, au-dessus desquelles le Kasbek élève
sa double tête blanchie. A sa droite, on suit encore
des yeux les cimes plus basses des alpes caucasiennes.—•
Au-delà du Kour, on ne distingue
que des rochers et des contrées nues et désertes.
Pauvre pays, qui, même autour de sa capitale,
ne présente presque aucune trace de culture,
et n’est recouvert, çà et là, que de ruines
de châteaux-forts. Derrière soi, on plonge dans
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