a ete fracasse entièrement jusqu'au tronc par la
tempete ou par la loudre, et sa cime n’existe
plus, les branches inférieures ont seules gròssi
et offrent encore un assez beau faîte. J’ai vu
beaucoup d’autres arbres qui passaient pour
gigantesques , surtout dans Gandja, célèbre par
ses eaux et ses platanes vraiment superbes ; mais
le plus gros que je mesurai entre Gandja et Hé-
lenendorf, n avait pas plus de 26 pieds à 2 pieds
au-dessus de terre; toutefois, il n’avait pas
perdu sa cime, et son tronc était sain et entier.
Le fameux tilleul de Villars, près de Morat, en
Suisse, a, mesuré à 3 pieds au-dessus de terre,
20 pieds 3 de tour.
J’avais donc atteint à Ourdabad l’extrémité
du bassin de l’Arménie, pour suivre l’Araxe
dans son cours et continuer mon voyage ; j ’allais
entrer dans cette issue qu’une révolution
plutonienne lui a ouverte dans le coeur de cette
haute chaîne de montagnes. Peu de personnes
s’en font une idée. On s’imagine que l’Araxe sort
sans effort de l’Arménie; cependant, à Ourdabad,
son niveau est encore de 2,5oo pieds environ
au-dessus de la mer Caspienne, et il n’a
que 3o lieues de France à parcourir pour tomber
de cette élévation dans les plaines du Ka-
rabagh, avant sa jonction avec le Kour.
Du groupe de montagnes volcaniques qui
s’élèvent jusqu’au midi du lac Sévang, se détache,
vers le midi, une haute chaîne hérissée de
pics, dont l’Alanghez est le plus méridional et
le plus remarquable avant d’atteindre l’Araxe.
Ces monts portent tantôt le nom de chaîne du
Karabagh, tantôt celui d'Alaghez.
En mai et en juin, la plupart de ses cimes
sont couvertes de neige, qui ne disparait même
jamais du sommet du Ketidagh, qui sépare la
vallée de Zot au bord du lac Sévang, du Kara-
bagh (jardin noir).
Au-delà de l’Araxe, en face de l’Alanghez,
s’élève en Perse le Kiamg-hou, second pilier de
cette écluse de l’Araxe. Sa hauteur n’est pas
moindre que celle de là chaîne précédente, et
je l’ai vu le s o u s les 38° 3o' de latitude , J ÎO a v ril 7 7
présentant toute sa eime en forme de cône
écrasé , couverte de neige brillante ; cette neige
ne disparaît que très-tard. C’est un des points
avancés de la chaîne de l’Adjerbaïdzan, qui,
sous le nom de Karadagh (montagnes noires) ,
longe la rive droite de l’Araxe jusqu’aux plaines
du Mougan.
C’est dans cette chaîne, qui probablement
barrait le bassin de l’Arménie, et en faisait un
vaste la c, que l’Araxe a fini, dans une catastrophe
volcanique, par trouver une fente qui
lui a permis de s’échapper de ce bassin.