
nés: on efi mit donc à Yhorreur du vuide, §;
l’on dit, la Nature abhorre le vuide jufqu’à f i
pieds de hauteur. Cela devenolt fyflêmatique-
ment .plus ridicule ; mais crétoit au moins une
nouvelle addition à la provifion des faits.
Puis l’on vint à foupçonner que c’ étoit l’Air
qui preiToit les Corps par le côté appofé ail
vuide. On fit des expériences qui confirmèrent
le foupçon ; l’idée de Qualité s’évanouit,
& l’on transforma âuifitôt en connois-
fance du Poids de PAir, ce qu’on avoit recueilli
fous la forme de degré de l’horreur du
vuide. On connut donc le Poids de l’Air ¿ effet
feulement plus reculé dans la chaîne: & voilà
enfin de la P h y s i q u e pure; très bornée encore
fans doute, mais fans erreur.
Cependant, fi les Qualités avoient peu d’inconvénient,
quant aux progrès des connois-
fances phyfiques\ parce qu’en nous transmettant
des Faits, elles devoient naturellement
céder la place à des Caufes plus intelligibles, à
mefure que les Phénomènes en feroient découvrir,
il n’en a pas été ainfi pour les connois-
fances morales. Tandis que le P h y s i c i e n fe
bornoit à expliquer des phénomènes phyfiques,
le M é t a p h y s i c i e n embraifoit l’Univers
entier; & attribuant des Qualités à la Matière i
il
■il s’accoutumoit peu à peu à la voir marcher
feule, fans Caufe première, fans Intelligence.
Ce fut alors que cette Mêtaphyfique orgueil-*
■leufe reçut fes alimens les plus délicieux, dans
¡.certaines idées de l’ être, de Y infini, de Yéter-
l nitê, des fujets, des attributs & de tant d’autres
Imotions confufes, où des queftions interminables
fourniffoient abondante matière à la
[dispute & au triomphe momentané de l’hom-
jme fubtil; bientôt vaincu cependant par quel»
■qu’un de plus fubtil que lui. Les Auditeurs
ine s’apperçurent pas, que fous le nom de Gau->
l/W on ne leur parloit que d’Effets; & qu’ attri-
Ibuer le préfent, à une chaîne éternelle d'effets,
Mans Caufe originelle, ce fi cacher une abfur dite
Mans Pabîme de l’ infini, pour la mettre hors de
portée des yeux (a). Ils respectèrent la prétendue
■profondeur de ces idées, & encouragèrent par
là tous les Syitêmes fur la Nature.
E Voilà ee qui rendit la Mêtapbyfique dange-
■eufe. Car,fortant des Ecoles.fous toute forte
|&le forme, elle, embrouilla fouvent les idées de
l ’Homme, fur lui-même, fur fon Origine & fur
I (d) Réfl. jibil. fur le S y.fié nie de la Nature, pa f Mtt
t í oi i l aND. Neufch. 1773. le . Partie, page Í81', tiotl*
f Pmprunte avec plaiür des exjréffions de ce vrai Philo-»
Tome I. I. Partie. M