
„ truite, que rien de ce que nous connoiflons
„ ne s’oppofe,à ce que toute la M a t i è r e fi.
„ lide qui compofe le Syftême folaire, ne pût
„ être contenue dans une coquille de noix;
„ tant eft grand l’efpace vuide dans les Corps
„ les plus denfes, en comparaifon de leurs par-
„ ties folides. Puis donc que la Solidité paroît
„ avoir fi peu à faire dans ce Syftême, il eft
„ réellement étonnant que les Philofophes
„ n’ ayentpas fongé plus tôt, qu'Elle n’ y avoit
„ petit-être rien à faire du tout. ”
Je vais expliquer àu D o c t e u r pourquoi
les Philofophes n’ ontpas fongé à fe.'paffer tout*
à-fait d eMATiÈRE,q u o i q u ’ ils enayentdèman-
dé fi peu. C’ eft qu’ ils vouloient expliquer des
Phénomènes phyfiques & non mêtaphyfiques ,&
les reptéfenter tels qu’ils étoient. O r , avec les
trois quarts du contenu de cette coquille de noix
Qplus ou m o in s , car je ne connois pas les proportions)
ils ont fi raifonnablement fabriqué de
petites cages à barreaux très minces, repréfentant
les Atomes indivifês ,& les ont fi habilement arrangées
, qu’ils font venus à bout d’ en fa ir e nn
S o le il, fept Planètes principales & beaucoup de
Satellites; & qu’avec le quart re lian t, divifé en
bien petites Maffts, & combiné avec beaucoup
de Mouvement, ils ont fait des Fluides
âiferets, auxquels ils ont aifighé l’ exécution de
tout ce qui s’ opère dáns ce Syftême folaire. Ainfi
une pleine coquille de noix de cette Matière
s o l i d e leur a paru fuffifante; parce qu’il
falloit que leurs Sphères fuilent à claire-voie,
& lés particules de leurs Fluides diferets très
petites & très écartées les unes des autres:
fans cette néceifité, diêtée par les P h é n om è n
e s 1, comme ils puifoient au Magafin de la
Nature, ils auraient pris autant de pleines coquilles
de noix qu’ us auraient fend en avoir,
befoin. Us ont demandé bien peu, j’en conviens;
mais ce peu leur étoit abfolument né-
cclîaire, car fans cette petite quantité de M a -
t i è r e s o l i d e , ils m’aurqient conçu ni Soleil,ni
Planètes, ni Mouvement. Je dis,ni Mouvement ;
parce qu’ il- ont toujours penfé, que pour qu’ il
y eût du Mouvement, il falloit que quelque chofe
■fe mût', fuivant ce Principe de N e w t o n ,
„qu’une énergie fans S u b s t a n c e eft une
„ Chimère, ”
Mais venons au Syftéme fondamental du Dr.
Pr i e s t l y ; & fans confidérerjs’ il a délivré ou non
la Ma t i è r e del'impénétrabilité &c de r/ner#« (puisque
je n’ai ni qffeâion ni haine pour ces qualités là),
examinons fi, telle qu’il l’imagine, nous aurons
mieux par elle un E t r e fentant. Le Dr.
le trouve tout fimple : car puisque la Chofe que
nous nommons M a t i è r e ne confifte, que
dans des Pouvoirs', rien n’empêche, félon lui,
qu’elle n’aît le Pouvoir de fentir. Pour moi je trou-
ye que l’ empêchement eft 'devenu., plus claire