
mon Ouvrage. Ma première Préface l’ avoit
déjà annoncé. „ Mon intention ” , y difois*
je , ,, n’eft pas de parler aux Naturaliftes, aux
„ Phyficiens, aux Philofophes feuls $ la matiè-
,, re que je traite ne leur appartient pas uni-
,, quement. Ils ont fans doute les premiers
,, droits à être Juges ; mais leur fentencé fur
„ cet objet, intérefle trop l’Humanité entière,
pour qu’ElIe ne doive pas connoître les piè-
„ ces du procès.” Voilà principalement ce
qui m’a fait écarter, non feulement la forme
didactique, mais tout appareil fcientifique,
Si ceux qui ne font pas favans, étoient reftés
à l’abri des dangers de la fauffe Science; il
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n’y auroit à parler qu’aux Savans; & alors ils
auroient droit d’exiger qu’on leur parlât dans
leur langage. Mais quelques uns d’entr’eux
ont prononcé des décifions, que je trouve auffi
mal fondées que dangereufes; ils les ont répandues,
on les répète partout, parce qu’elles Ont
dès fens très clairs; mais on n’entend point
les argumens. J’ai donc cherché à les faire entendre,
& j’ y ai répondu en langage familier
à tous les Leèteurs.
Cependant je dois déclarer aux Maîtres de
l’A r t , que je ne crois point être au dèffous de
leur attention; & je le fajs, parce que je
I craindrais fans cela, que la forme de mon Ou-
I vrage ne leur fît prendre le change. Quelques
I Auteurs, Y Abbé Pluche par exemple, ont fait
I des Ouvrages, où la Phyfique & l’Hiftoire na-
[turelle font auifi rapportées à la Morale, &
[mifes par cette raifon en langage commun à
[tous les Leéteurs. Mais ils n’ ont pas préten-
| d u dire des chofes nouvelles ni profondes: ils
ont voulu feulement dépouiller les découvertes
Ides Savans, du langage qui les rend inintelli-
Igibles à d’autres qu’à des Savans; & c eu x -c i
■ par conféquent n’avoient pas. befoin de les
lire.
J’ai eu le même but quant à la forme; mais
en même tems mon intention a été partout,
[d’éviter foigneufement d’être fuperficîel. Ce
I ne font pas les termes, qui font la profon-»
■ deur des idées, dès qu’ il ne s’agit pas de Géo-
Imètrie; fouvent même ils ne fervent qu’à en
I couvrir la futilité, Sans doute que les SavanS
[rencontreront dans mes expofitions, des cho-
I fes qui leur font familières. Je cherche alors
l à mettre au fait de la queftion mon Leèteur
I moins éclairé qu'eux. Mais quand j’ai fatisfait
I à ce premier but ; que le Savant connoîtra
j bien, & où il pourra s'il le veut fe dispenfet