
grains de fable aient été originairement arranges
de maniéré à retarder un peu le mouvement
de l’ eau> pour qu’elle ait commencé à y
de'pofer quelques particules de cette matière
menue dont j’ai parlé. Ces premiers dépôts
ont augmenté - eux-mêmes la difficulté de fan
pailàge : fon mouvement a été ainfi retardé de
proche en proche; de proche en proche
auffi elle a fait des dépôts. Elle a donc ainfi
lié peu-à-peu de nouveaux grains de fable
aux prémiers; & par-là, au fein du fable mouvant,
elle a formé ces concrétions; ces efpèces
de maçonnerie, dont les grains de fable font
les gros matériaux, & la matière menue le ciment.
V. M. comprend que dans une formation de
cette nature, ces concrétions doivent prendre
des formes très-baroques. Auffi rien ne l’eft-il
d’avantage que la figure des grès en général; &
c’eft même une des chofes qu,i les diftingue des
autres pierres fablqufes produites, par la ;pétrification
entière de tout un lit, ou de plufieurs lits
fucceififs. Dans une Colline du Piémont, où
fans doute l’eau circule très-régulièrement, &
où les grains de fable ont auffi une forme régulière,
les grés font des boules très-bien formées,
depuis la groifeur d’une noix à celle
d’une bombe. Il y en a de fi bien faites, que
les habitans du Pays s’en fervent pour jouër à
la boule, & chacun peut les choifir de la gros-
feur qu’ il veut, fuivant fa force. Dans d’autres
Collines, les grès font des ramifications très-régulières;
j ’en ai vû de fort grandes mafles,
qu’on auroit prifes pour de grandes madrépores
rameufes, fi leur matière n’ eût pas été de fable
pur. D’autres ne confervent de trace de leur
formation fucceffive & de iès caprices qu’à
leur furface. Ce font de'grands blocs, fans
forme déterminée, & dont la furface feule eil
baroque. On y voit alors toutes fortes de figures
grotesques. Je me me, rapelle entr’autres
qu’en montant à pied avec M11.* S. la Colline
deLaon, Ville de Champagne, par un chemin
pavé de grès-, nous fûmes arrêtés plufieurs fois
par des figures fi approchantes de quelque cho-
fe fait à defiein, que Mf'* S, avoir peine à s’ôter
de l’efprit que c’étoient des bas reliefs gothiques.
Je fens, M a d a m e , que cette explicatiôn devient
longue; mais cela n’arrivera pas fouvent.
C’étoit ici un point de Phyfique générale, qu’il
¿toit nécefiaire d’éclaircir avant de parler de
pierres, qui renferment des coquilles, & qui