
de nos couches. Maïs n’ anticipons pas, les explications
, continuons encore quelque teins à
voir les faits.
' Dans d’autres Collines, les couches de coquilles
font de, toute efpéce. Là W o o d w a r d
lui-même eût été détrompé. J’ ai beaucoup
fouillé ces fortes des couches pour en connoitre
la compofition. Il me fembloit être au bord de
la mer, tant la variété de fes produirions y e'toit
frappante. Des Coquillages légers & pefans, jeunes
& vieux, entiers & brifés ; des Plantes
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marines de toute efpéce; des os de poiffow,
des jambes & écailles dé crabe ; furtout des
pierres roulées. Et ici Woodward auroit appris
encore, que les matières terreftres n’ ont pas été
diifoutes : car ’ ces couches alternatives de coquillages
& de fable, font auiïï mêlées de pierres,
que l’on reconnoit fouvent pour avoir appartenu
à des montagnes connues, compofées de matières
faciles à diftinguer, & qui fubfiftent encore
dans le yoifinage. C’eft ici un phénomène capital
dans la Théorie de la Terre, & qui méritera
d’ être expliqué à fond: Mais ici je nie
contente de l’indiquer, car il n’en eft pas be-
foin pour que Woodward ait entièrement perdu
fa caufe.
Quoique j’aie choifi les Collines qui ne font
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‘ É S t I ; f liS É
L e t t r e XVI. d e l a T E R R E . j r r
pas encore endurcies, pour en expliquer d’abord
la compofition à V. M., ce n’eft pas que les
Montagnes elles-mêmes n'euifent pû me fournir
des exemples de même genre ; mais ils ne font
pas fi frappans. : la pétrification a tellement lié
toutes les efpéeesde matières qui- compofentces
Montagnes , qu’ il; faut fouvent l’oeil exercé du
Naturalifte pour les démêler. Au lieu que dans
les Collines dont je parle, tout eft encore
comme s’ il venoit de fortir du fein de l’Océan.
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S’il faut les yeuX dé l’entendement pour côn-
cevoir des enfembles dans l’ étude de la Nature,
i l faut ceux du corps pour être frappé & porté
à l’attention. Il eft impoifible, pour peu
qu’on ait de c u r io f i t é d e ne pas s’ intérefler
vivement à PHiftoire de là Terre,- quand on a
parcouru certaines contrées. Je me rappelle
entr’autres d’une Vallée du Piémont, bordée
de Collines coquiUèfes, 8c àrrofée par un Ruis-,
feau qui, en ferpeniant, lés attaque ça 8c là.
Dans, un endroit où leS couches font formées de
ce mélange confus de produirions marines, le
Ruiffeau qui les mine infenûblement, lave &
entraine le terrein qui s’éboule dans fon lit;
les corps marins s’ y, dépofent, presque auifi bien
conferyés que fur les bords de la Mer: l’eau