
à fa fureur; elle s’ irrite d’ abord de l’obfta-
cle s elle écume ; mais bientôt n’étant
plus foutenuë par celles qui font déjà mortes
avant elle, elle vient mourir elle-même au
pied du fpedateur raffiné ; & la Montagne en
travail enfante un peu de vafe, quelques coquilles
& d’autres productions marines qu’elle a
arrachées en fon chemin ; & qu’elle ajoute à la
plage, bien loin de la détruire. La vague
•fuivante & toutes celles qui fe fhivront dans
des millions de fiècles, ne feront jamais que cela.
Si donc les plages font baffes, elles ne feront
point détruites. Elles feront au contraire
augmentées, tant que la pente réitéra allez
douce, pour que la vague, en retournant, ne
p u i f fe pas entrainer avec elle ce qu’elle avoit
amené fur le.bord. Mais enfin lé fond voifin,
à force de fe creufer & de fournir à l’augmentation
de la plage, formera avec elle un talus, fur
lequel les matières reftées à la furface ne feront
plus que fe rouler en avant & en arriére, par
les allées & venues de la Marée & des vagues.
Alors tout refterâ dans le même état, &
toute la fureur poflible des eaux n’y fera plus
rien de confiant. Il y aura fans doute des variations
partielles; mais elles feront tantôt
dans un fens, tantôt dans un autre; & je ne
crois pas que perfonne foit jamais affez habile
pour calculer lequel des deux effets, de la de-
ftruétion ou de l’accroiffement, l’ emportera
dans la fuite des fiècles : les hommes ne fau-
roient eriïbraffer tant de données S1 de futurs
contingens à la fois.
Nos Continens étant aînfi affurés contre les
efforts de la Mer dans tous les lieux où la
plage eft baffe, font par là même affurés
partout: car partout, fi la plage n’eft déjà bas-
fe , elle tend à le devenir. Suppofons une côte
efcarpée qui fe trouve violemment battue par
la Mer. Si ce font des rochers, je crois que
pour l’ordinaire la Mer n’y fait abfolument:
rien. Ils fe couvrent de mouffes & d’autres
plantes marines, dont il fe forme uneefpéee
d’enduit qui arrête l’adtion des vagues fur iô
rocher; car fans cela ces plantes ne pourraient
pas y croitre. Ainfi partout où il y a
de tels rochers; tëls, veu x -je dire, que l’eau
ne les diffolve pas, ce font des remparts invincibles
pour les terres, pendant toute l’éternité.
On n’y voit du moins aucun effet préfent, d'après
lequel on puiffe rien conclure pour le
paffé ni pouf l’avenir.
La côte efcarpée eft-elle compofée de matériaux
que l’eau puiffe attaquer; elle les mine