
„ pieds de fes infâmes hàbitans, - & s’ éboula
„d an s les eaux foüterrainés.; Les Refervoirs
„ du grand Abîme' furent -rompus, & les- eaux
„ s’ en élevèrent par des-malles proportionnées
„ an volume des : terres qui les chaffoient en
„ s’y abaiflant. Du concours des eaux fupé-
„ rieures & des eaux inférieures,' il fe forma
„ un Déluge univerfel : V . V .
„ Le foleil & les vents que Dieu avoit'cm-
„ ployés pour enfévelir la Terre, lui prêtèrent
„ enfuite leur miniftére pour la découvrir. Ils
„ lui rendirent la vie par la fuite des eaux. Les
„ unes s’arrêtèrent dans les lieux les plus eh-
„ foncés, & où les jambes des grandes pièces
„ de terre s’ étoient appuyées l’une contre l’au-
„ tre. Le relie des eaux remonta dans i’Atmos-
„ phére
Voilà certainement une caufe de bouleverfe-
ment. Si dans un inftant le foleil venoit réchauffer
notre Hémisphère Septentrional , qui
eft aujourd’hui au plus fort de fan Hiver, l’air
qui s’y trouve condenfé par fon abfence, s’y
débanderait contre l’autre Hémisphère, & ferait
furement des ravages affreux pour, tous les
Etres fenfibles. Mais il ne renverferoit pas les
Montagnes-, & les feeouffesde l’eau, agitée par
cette feule caufe, ne briferoient pas des voûtes
capables de porter ces maffes dans l’état de
repos. L ’effet n ’ a donc aucune proportion
avec fa caufe; la force des vents a des bornes,
que- toute'la force des termes dans les descriptions
ne fauroit leur faire paffer.
Ce fyftème n’eft ainli qu’un nouvel exemple
des illufions que peuvent faire les idées vagues
, fi nuiflbles dans l’étude de la Nature
comme dans toutes les autres opérations de
l’entendement. C’eft par elles que l’on eft
trompé de la manière la plus féduifante, &
quelquefois la plus durable. Véleftricitê fa it
mouvoir des pailles ; donc, en la fuppofant proportionnellement
plus fo r te ,' elle pourra faire
mouvoir des Globes:- voilà un fiftème arrangé;
voilà l’Univers en mouvement : on paffe par
deffus tout ce qui pourrait borner la caufe imaginée
, & l’empêcher de croître proportionnellement
au befoin du fyftème.
La chaleur du Soleil eft bornée 4 fes effets
fur l’air font bornés & fuccefftfs; on peut calculer
quelle augmentation de.volume il fubiroit
dans la révolution fuppofée , & quelle fer oit
la force du vent: & en y ajoutant une circon-
ftance à laquelle notre Auteur n’a pas penfé,
c’eft: que dans les dilatations de l’air par le
Soleil, les plus grandes transmigrations de ce