
D I S C O U R S IX.
Sur ta T o l î r a n c e .
j u me refte encore un point à expofer, &
j’aurai complettement tracé le plan de cet Ouvrage.
Je reprendrai pour cela un paffage de
la première Préface que je lui avois deftinée,
,, Je n’ai cherché", d ïfo is -je , „ en réfutant
„ des Syftêmes, qu’ à établir d’une manière plus
j} frappante des vérités ou propofitions géné-
fi raies, & nullement à critiquer des Auteurs:
,, car je fuis convaincu, que rien ne nuit plus
„ aux progrès de la vérité, que cette dernière
it voye. Les argumens ad bominem, ceux pat
, , lesquels on dévoile les contradictions d un
,, Auteur, nuifent fouvent moins à l’Homme at*
„ taqué, qu’à la vérité elle-même, qui s’é-
„ clipfe dans la dispute. Et l’ on n’explique*
„ roit pas aifément, pourquoi les argumens de
„ cette trompeufe efpèce ont fi fouvent le des-
„ fus ; fi l'on ne remarquoit qu’ en effet dans
M la Société, le» disputes ont fouvent l’Homwt
.
I „ en vue, plutôt que la cbofe ; & que le Pu-
I ,, blic ne connoît presque la cbofe que par les
I „ les disputans.”
On ne fera donc pàs furpris dé trouver peu
I de Noms, & encore moins de Citations danS
I cet Ouvrage ; & aucun Auteur ne pourra fe
■ plaindre que j’aie mal préfenté fes raifons. Je
■ n’ai le plus fouvent expofé que des Syftêmes,
■ & ce n’eit que d’après cette expofition même
■ que je lés ai examinés. Ceux qui lès adoptent
■Verront fi j’ai affoibli les raifons qui les âp-
■ puyent, & fi j’ai tiré quelque avantagé de
■les féparer aînfi dès acceffoires qui prêtent à la‘
■dispute.
Et ce n’ eft pas feulement pour l’ éviter, que S ai fuivi cette méthode ; c’eft parce que je crois:
ue les hommes doivent fe refpeéter, fe tolérer
nutuellement; & que la dispute mène fouvent
»lus loin qu’on ne voudroit aller. Je me bla-
nerois,' fi je me fentois prendre plaifir à vain-
re mon Adverfaire ; & je me defîerois alors dè
loi: c’eftfon opinion feule que je veux vaincre,
fi elle me paroît érronnée & dangereufe.
Comment ne trouveroit - on pas de la juftice
■dans cette tolérance? Quel eft l’homme qui
■puiffe fe flatter de n’ avoir pas befoin, qu’on
■’exerce à fon égard ? Cependant cette Généra-
K *