
verte du vrai eft difficile, il ne fe tourmenterait
pas fi fouvent pour des chimères.
L ’Homme qui réfléchit, & qui veut le bien
de la Société, ne peut fans doute que fe forc
e r des opinions, & y attacher de l’importan-
çe. Mais s’ il fait bien, que les hommes peu-
yent différer fur les moyens, quoiqu’ avec le
paême but; s’il eft affez jufte & humain pont
fentir, que tous les hommes doivent avoir
leur portion de bonheur, & qu’ils attachent
du bonheur à voir qu’on ait égard à leurs opinions
; s’il comprend que Q’eft de là feulement
que peut naître l’harmonie, qui eft la vie de la
Société; il fe prêtera à des milieux dans leij
réfolutions ; & comprendra jusqu’à quel point
fon opinion peut y entrer, par le degré de
réfiftance des autres. C’eft le manque de cette
vraie tolérance dans les Membres défintéreffés
de la Société, qui occafionne ces conflits, où
les plus forts font la Loi par leur perféverancc,
& manquent cependant leur but, s’ il n’eft pa$
Uniquement celui de triompher.
Mais fi, dans ce qui concerne le Gouvernement
de la Société, on peut éxiger des hommes
, par les principes mêrnes de la Tolérance>
qu’ ils fe faffent mutuellement des facrifioes de
leurs opinions,, en vue de l’Harmonie qui eft
lu bafc du bien public ; il n’en eft pas de
même à l’égard du Gouvernement de l’Univers,
du fondement des devoirs de l’Homme, de la
Religion en un mot. Ici il n’ eft plus queftion de
facrifices, & la Tolérance n’eft que. fupport.
Chacun fans doute doit travailler à n’avoir que
des idées juftes fur des objets fi graves: & il ne
faut pas fe laffer de le repréfenter à ceux que
l’on croit dans l’erreur. Mais on doit penfer
en même tems, que celui qui eft convaincu de
quelque idée à cet égard, ne fauroit la facrifier
à perfonhe. L ’exiger, eft une tirannie auffiab*
furde qu’ injufte ; tourner en ridicule les opinions
de ceux qui ne penfent pas comme nous, quand
ils font de bonne foi & modeftes, eft infenfe Sç
inhumain; c’ eft railler un boiteux,un fourd, ou
un aveugle, aulieu de le guérir fi l’on peut.
„ Laiffez-nous donc tranquilles; ” dirai-je à
ceux qui ne font pas Chrétiens ne nous per-
„fécutez pas par des fatyres. Notre croyance
„ ne fauroit vous faire aucun mal : bien au corn-
„ tra ire , elle vous donne de grands avantages
„ fur nous dans le commerce de la vie. Elle
„ nous porte à être vrais, juftes & bons envers
„ tous les hommes, pour obéir aux ordres préc
i s de I’E t r e qui étend fon Empire, dans
„ l’Eternité. Tandis que chez plufieurs d’enrre
„v o u s nous n’ avons de fureté, que dans la
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