
Je deftinece premier D i s c o u r s , à l’annonce
de l’objet principal d’Hiftoire Naturelle & de
Chronologie Phyfique, qui fert de fondement
à tout l’Ouvrage. Il n’entroit pas dans mon
plan de l’ expofer d’abord; je voulois que les.
phénomènes qui l’établiflent, l’indiqnaifent pour
ainfi dire d’eux-mêmes. Mais comme j’arrive
ainfi àiune conféquence extrêmement contraire
•à l’opinion dominante ; fi je n’en prévenois le
Leéteur, il pourrait m’accufer d’une rufe aifez
-commune, celle de lui laifler ignorer où je veux
le conduire, afin de profiter de fon inattention
fur la route. Je le lui ¿irai donc ici ; pour qu’il
fe tienne fur fes gardes: & alors il ne pourra
critiquer la forme que j'ai fuivie, qu’autant que
les raifons que je lui alléguerai pour la juftifier,
lie le fatisferont pas.
Ce point d Hijloire Naturelle que je veux établir,
& qui ouvre upe nouvelle route dans la
Chronologie', ç’eft que nçs Continent ne , font pus
(inciens, Je ne dirai pas encore l’importance que
l’y attache, ne deftinant ce D i s c o u r s , qu’à
la propofition elle-même. Je me propofe donc
de niontrer dans le cours de cet Ouvrage, que
tous les phénomènes ¿e la Terre, ainfi que p S iflê r ï
l’Homme », nous conduifent à çroirc» qtfe joar
çéyçlution fubite ^ ¡q Mer a changé de Çit$
que les Continent habités atljoürd’hui, font le Lit
qu'elle occupoit autrefois ; & qu'il'ne s9efl pas écoulé
un grand nombre de Jiècles, depuis que ces nouvelles
terres ont 'été abandonnées par les eaux,
Je fens que cette Propofition va faire naître
de la défiance dans bien des' efprits contre
tout l’Ouvrage; car c’eft peut-être une de çelles
qui choquent le plus toutes leurs idées. Rien
ne leur fcmblc mieux établi en Hiftoire naturelle
, que la grande ancienneté de nos Continent.
Par là je me prive fans doute de quelques Lecteurs,
& je donne trop de défiance à d’autres;
un plus grand nombre peut - être ne feront que
parcourir mon Ouvrage, pouf voir en gros fur
quoi je fonde cette étrange Propofition. Mais
ce font des inconvéniens auxquels le tems ré-
médie. J’aurai fûrement quelques Leétcurs attentifs
; & ce fera d’eux que dépendra enfin le
fort;de mon Ouvrage. Ceux-ci me fauront gre'
de les avoir prévenus ; afin que leur attention
Je porte fur les développemens fucceflîfs de ce
p o int, que je trouve lié a tou t, dans l’étude de
la Terre & de l’Homme, &que j’aurai toujours
ep vue dans ce que je dirai de l’une & de
l’autre.
Je ne veux point anticiper ici ibr mes preuves;
mais je dirai un mot de leur genre parce
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