
fuivant cette direétion: bien loin en Mer, au
devant des terres, il change de route; Peau y
eft repouffée par fon fimple amoncellement,
comme au devant des piles d’un. Pont ou de
tout autre obftaole» Ce courant fe porte donc
du Sud au Nord ou du Nord au Sud en fuivant les
contours des Continens, fans qu’ il foit apper-
çû fur la plage, excepté vers les Caps.
" On ne peut donc concevoir aucune différence
fenfible dans l’aftion de la Mer fur les côtes
orientales & occidentales, malgré'fon mouvement
de. l’Eft à l’Oueft: elle eft probablement
un peu plus haute contre les prémières de ces
côtes que contre les dernières; c’eft là toute
la différence qui puiffe en réfulter. Mais d'ailleurs
la Marée s’élève & s’abbaiffe fur les unes
comme fur 4es autres; les vagues aulfi les battent
de la même manière: &; il eft fi vrai
que les courants ne peuvent point miner les
grandes faces des Continens ; que la marée même
les épargne. Dans le grand Golphe du
Mexique, dans cet enfoncement fi fçduifant
au prémier coup_ d’oe il, qui femble montier
le lieu où fe fait le plus grand effort de la
Mer pour détruire les côtes orientales, la
T]tarée n’ cft presque pius fenfible.
Cependant il y a dans cette tendance de la
L E T T R E XXIV. D E L A T E R R E. SW
Mer vers les côtes orientales * une apparence de
caufe deftruétive; & jusqu’à ce que nous
foyons arrivés à quelque opération impoffible,
dans la fucceifion de celles que l’on fuppofe,
on ne fe trouvera pas arrêté; feulement on
demandera plus de tems. On dira qu’au moins
l’aétion naturelle des vagues & de la marée
tout le tour des côtes, doit être favorifée fur
les côtes orientales par le courant d’Orient en
Occident: & fi ce furplus d’aêtion tend à détruire
, quelque lentement que ce fo it, c’en eft
affez pour cette première partie du fyftème.
Car le paifé eft un magafin inépuifable de tems ;
au lieu de millions d’années on y puifera des
millions de Siècles, & l’explication Phyfique
fubfiftera. Voyons donc quel peut être l’e ffet
des vagues & des marées.
L ’aétion de la Mer n’eft point la même
partout; il eft même certaines plages baffes fur
lesquelles elle ne produit aucun effet, Re-
prefentons nous d’abord ce qui doit fe paiTer
fur ces plages. La Mer eft en fureur ; elle
roule de loin fes vagues comme des Montagnes,
l’homme le plus intrépide, qui arrive
fur fes bords pour la prémière fo is , recule
. de peur d’être englouti. La prémière
vague s’avance; une pente douee fe préfente