
fervation & de l’expérience; c’ e ft-à -d ire l’en-
femble de la Phyjîque. Voilà vraiment des objets,
dans lesquels on pdurroit avoir quelque!
cfpérance de trquver des traces du tems, Là
Nature é'toit expofée fans doute aux yeux des
premiers hommes, comme aux nôtres ;& ils en
.jouiffoient à peu près comme nous^ Mais il y
a une différence immenfe entre jouir & connoîtret
La jouiffance ne tient , qu’à la furface des choies;
& la connoiffance tient à leur intérieur.
Celui qui jouit le plus, eft fouvent celui qui
connoît le moins, nous le voyons tous les
jours.
Quiconque a une id-ée faiüe de ce qu’eft là
Phyfique, & connoît l’hiftoire de fes progrès-,
verra qu'il eft dans la nature de la çhofe, qu’ils
foyent fucceffifs : nonfeulement parce que les
phénomènes explicatifs font presque toujours
cachés ; mais parce qu’il eft de l’effence de ces
découvertes, qu’elles s’aident les unes les autres,
que les précédentes fervent d’ échelons pour
arriver aux fuivantes, que les hommes fe mettent
, pour ainfi dire, bout à bout, pour arriver
toujours plus haut*
Il me paroît donc certain, qu’ un homme fans
lumières acquifes, mais avec du génie & de l’ imagination,
peut arriver fort loin, en Géométrie,
t).ISCOtTRS i DE u T îî R R È î j
en Sculpture, en Peinture, en Architecture, même
enPoefie; mais qu’ il ne fera jamais Phyjtcien.
Je dirai même ici par anticipation, que fi je
refqfe à cet homme la Phypique, je ne lui refufë
point ce qu’on nomme fouvent Métaphyfique. Car
l’efprit humain n’eft jamais plus libre de courir
après les chimères, que lorsqu’ il n’ eft pas enCo-
re occupé de la fcience des faits. C’eft ainfi que
l’on trouve beaucoup d’une forte de Métaphyjiquè
dans l’Enfance. Mais comme j'aurai occafion
de confidérer ailleurs cette f&uffe Métaphyfique,
je ne m’y arrête pas ici.
Dans ce parallèle des Anciens & des Modernes,
il feroit peut-être naturel d’examiner auffi,
les progrès qu’a fait l’Homme vers la connois-
fance de fon propre bien; c’e f t - à -d i r e , quelle
influence ont eu fon expérience & fes fecours,
fur l’exercice des droits naturels, fur les inftitu-
tions fociales, fur le Droit des gens. Mais cette
queftion me meneroit trop loin, & je puis à
. cet égard renvoyer le Leéteur à divers examens
déjà faits, & en particulier à celui de Mr. Rous~
ian, Génevois, Miniftrede l’Eglifc Suiffe à Londres,
Auteur de l’ Offrande aux Autels & à là
Patrie & de plufieurs autres Ouvrages, qui, indépendamment
des lumières & du génie, montrent
une aine forte & un coeur excellent. L ’exà-
Tome I, î . Partie* B