
ÏS4 H I S T O I R E I. Partie.
t r è s . Délivré,par leur deftination même,de la
forme didactique, je me fuis trouve à mon aife.
Dès que j’ ai eu commencé d’écrire, toutes les
faces de mon objet me font revenues à l’ef-
prit ; j’ai pu les traiter comme je les fentois,
& j’y ai pris plaifir. Je n’ai point craint les
lp.ngue.urs, dans tout ce qui tient à l’établiffe-
ment des faits & de leurs liaifons les uns
avec autres.* Je ftiis fouvent remonté aux premiers
principes de la Logique, de la Phyfique,'
de l’Art d’obferver, de la Critique, lorsque
j’ai apperçu que c’étpit pour s’en être écartés,
que des hommes, recommandables .d’ailleurs,
avoiént fait de mauvais fyftêmes. J’ai répété
t.fous diverfes formes les-propoiitions fondamentales
, celles qui doivent être fans ceffe préfentes
a l’ efprit comme des Axiomes, pour
fervir de pierre de touche aux propofitïbns
fe'condaires; & fi elles avolent befoin d’être
appuyées elles-mêmes, quand à leur vérité
ou à leur importance » j’en ai faifi toutes les
occaûons.
Pour que cet enfemble de précautions
Çoptre des erreurs, ou habituelles ou acérédi-
tées, ne fatiguât pas par la monotonie, je l’ai
fouvenç enveloppé du pittoresque, du figuré.
Ce n’eft pas pour rien que la Nature nons
Hfitl s - * Sll
I d i s c< 3U R S V I H* d e (LA T E R R E . 1 3 5
■ p laît, ou que certains faits nous frappent:
■ tout eft lié dans l’Univers, les premières Cau-
I fes, les premiers Principes, avec leurs derniers
Ieffets, agréables aux hommes les plus inat-
■tentifs ; le Peintre ni le Sculpteur ne firept ja-
Imais de belles Draperies, quand, ils n’ y caillè
ren t pas la Figure réelle.
Il y a aujourd’hui une claire nombreufe de
Iperfonnes, qui ont befoin d’être inftruites fur
l a Nature, pour leur repos; & qui ne peuvent
lecevoir cette inftruétion, qu’ à la maniéré dont
la Nature elle-même la donne. Son Livre eft
■ouvert ; mais elle n’ en fait point d’abiége ;
l ’Homme. ,y perdroit trop. Elle mêle à fes le-
lon s, des Epifodes qui le délaffent. Toujours
Ides coquilles, toujours des pierres, des fables,
l e s minéraux, appefantiroient fon imagination
■par la fatigue; il n’ auroit pas le terns de re-
■pirer, de réfléchir, de revenir fur fes pas;
lurtout de revenir- frais aux objets, après avoir
■ompu le cours d’ idées qui pouvoient être er-r
lonnées ; & où cependant il auroit périmé, s’ il
» ’eût changé de tems en tems l’objet de fon
attention. La Nature y pourvoit, en arrêtant
■’Obfervateur, par, fes epifodes : & quand il
■revient aux objets, il les v o it, pour quelques
Imomcns, ifolés de fes premières idées; & c’eft